Une croisière animé (réservé à Kara et Keledan)...et Phoenix

Kara venait de traverser plusieurs forêts, voyageant au gré du vent, se laissant guider par l’instinct. Elle avait entendue dire durant son voyage que la ville d’Amalia était réputée pour avoir le meilleur poisson du pays et possédait d’aussi bonnes tavernes que la plupart des autres pays. N’ayant pas encore visité ce coin, Kara avait décidé de ci rendre.

D’un pas nonchalant, elle arriva sur le bord de la ville, dont les gens devaient traverser un pont pour y accéder. Elle se cacha le visage sous son capuchon et suivit la ligne de gens qui accentua vers la ville, chargé pour la plus part de panier remplis de poissons, d’homards, de crevettes…
Le soleil commençant déjà à s’éteindre, la jeune femme, fatiguée par le voyage, se dirigea vers une taverne du nom de ‘’La pomme empoisonnée’’, puis prit place au bar en commandant un pichet de rhume, qu’elle cala d’un traite. Le barman la regarda d’un air étonné, les yeux ronds, puis lui en offrit une autre qu’elle accepta avec joie. Kara regarda autour d’elle et remarqua comme l’ambiance était agréable. Ce n’était pas comme dans ses tavernes sombres qu’elle avait visité et où les gens étaient tous de mauvaises humeurs. Non! Plusieurs hommes étaient installés à différentes tables et riaient tous ensembles, après une bonne journée de pêche sans doute, une musique gaie et dansante jouait à en briser les tympans, des femmes un peu dévêtus se vendaient à certains hommes et certains se frappaient pour tomber ivre mort par la suite. Une vraie taverne à pirate, se dit-elle! Au bout de son troisième verre, un homme, dont l’haleine prouvait qu’il était soul depuis un certain moment, s’approcha d’elle avec un autre pichet en lui adressant son plus beau sourire.

-Toi dégage, lui lança-t-elle d’une voie calme.

-Gente Dame, Est-ce ainsi que l’on s’adresse pour..la..première..fois..à une rencontre? Une rencontre…apportant…un autre verre..

Les yeux plisser, Kara le laissa prendre le tabouret prêt d’elle, ne voulant pas causé dès son arriver une bagarre général. Il lui tendit le pichet, que Kara accepta avec gentille, mais qu’elle ne but pas, par précaution. L’homme continua à balbutier quelques mots inintelligibles, dont Kara écouta d’une oreille distraite. Mais au bout de quelques verre de rhume, la jeune demi-elfe commença à ressentir les effets de l’alcool et suivit la conversation que l’homme avait avec elle, riant avec lui et enleva même son capuchon, révélant son visage d’une jeunesse et d’une beauté dont l’homme lui fit même remarquer.

-Tu…sais..que..tu..es..la..plus..belle..créature…que..j’ai..vue…excepté les…sirènes..

-Tu sais..que..vous…êtes..le plus…idiot..des..crétins..que j’ai…jamais…connus…

Tous deux partirent d’un rire fou et entrechoquèrent leurs verre pour ensuite le calé d’un trait.

-J’aime tes yeux. Ils..sont…si..prof..ond..Je..vais..te..voler…un baiser…

-Non…monsieur.., répondit Kara en repoussant d’une main molle, mais forte l’homme qui approchait ses lèvres des siennes et qui tomba par terre.

La vision trouble, Kara partit à rire et but un autre pichet de rhume, mais sans s’en rendre compte, elle prit celui que l’homme lui avait apporté et but une première gorgé. Kara se laissa enivrée par la musique et l’alcool. Elle retourna l’homme tomber par terre et lui tendit une main pour l’aider à se relever, mais il ne réussit qu’à l’a faire tomber à son tour sur lui. Riant aux éclats, Kara se releva et le frappa au visage d’un bon coup de poing moue avant de se relever et de boire une autre gorger. Puis une autre. Une gorgée de trop. Lorsqu’elle le finit, elle ressentit tout à coup un profond malaise et tout se mit à tourner encore plus vite autour d’elle. Elle se tint la tête entre ses mains et essaya de se tenir sur la chaise, mais elle tomba. Par malchance, un autre homme l’a rattrapa, et l’a tint solidement par les bras. Il l’a souleva pour l’a mettre sur son épaule, paya le barman et l’emmena hors de la taverne. Kara se sentit soulever, mais elle ferma peu à peu ses yeux pour finalement tomber dans les vapes.

La faisant sursautée, Kara entendit des voies d’hommes marchés au dessus d’elle. Encore un peu dans les vapes, elle se leva, pour ensuite tomber d’un hamac, sur un plancher dur et sec. Elle se releva, prit sa tête qui semblait vouloir explosée dans sa main droite et observa où elle était. Kara ne remarqua pas encore que ses armes avaient disparus et qu’il ne lui restait que ses vêtements et ses bottes sur le dos. Étrangement, la pièce semblait bougée, ce qui n’état pas normal puisque normalement elle ne devrait plus ressentir les effets de l’alcool.
‘’NON! Serait-ce possible!’’
Retrouvant une vue normal, elle monta les quelques escaliers qui menait vers l’extérieur. Elle fut d’abord éblouie par la lumière du soleil, mais bien vite elle pu remarquer avec horreur qu’elle se trouvait débout sur le pont d’un navire, portant le pavillon de pirate et qui se trouvait perdue au beau milieu de l’océan. Ce n’était pas en fait le pavillon qui dérangeait, puisqu’elle avait déjà rencontré des pirates et c’était même liée d’amitié avec certains d’entre eux et était considéré parfois comme une pirate, la seule différence, malheureusement, c’est qu’elle avait une phobie de l’eau…

Constatant que leur «invitée surprise» était réveillée, Keledan Zoyek laissa transparaître un sourire en coin que plusieurs femmes décrivaient comme charmant, les autres le comparant au sourire d'une vipère. L'elfe n'avait jamais réussi à se décider sur la définition qu'il préférait.

Voleur professionnel depuis son plus jeune âge, Keledan avait parcourut maintes contrées des terres d'Izildor, rencontré une myriade de gens, goûté toutes sortes de plaisirs plus ou moins exquis...la douceur d'une femme surpassant de loin tous les autres, et c'était un fin connaisseur qui parlait.

Il avait parfois dû s'associer à plusieurs individus louches au cours de sa carrière. La vie d'un voleur était ainsi, et pour rien au monde, il ne voudrait vivre une vie normale, se marier et avoir une marmaille. Quelle horreur! L'aventure, le danger, la liberté; tout ça étaient des trésors de la vie que bien peu de gens ne comprennaient à leur juste valeur. Et ces pirates avec qui il s'était associer pour le moment ne faisaient pas exception à la règle. Malgré que ce groupe de boucaniers soit plus civilisé que la majorité de leurs semblables, ils conservaient un côté rustre des plus dérangeant. Quel intérêt auraient-ils eut de «s'amuser» avec leur invitée, puisqu'ils avaient besoin de sa pleine coopération pour la suite? Un tel acte barbare ne ferait que la rendre des plus hostiles.

Décidé à être le premier à l'accueuillir, Keledan s'avança vers la jeune femme d'une beauté très satisfaisante pour les yeux et dont l'air farouche ne rajoutait qu'à son charme.
-Bien le bonjour, gente dame, dit-il en s'inclinant le mieux qu'il put sur ce pont chancelant. Je me nomme Keledan Zoyek, à votre service.
-Pourquoi vous m'avez kidnappé, espèce de sale pirate? cracha-t-elle hargneusement.
-Vous m'insultez, très chère. De un, je ne suis pas un pirate; de deux, vous êtes au contraire une invitée de marque.
-C'est comme ça que vous traitez vos invités? dit-elle d'un ton sarcastique en croisant les bras sur sa poitrine. Vous ignorez vraiment dans quoi vous vous embarqué...

Malgré son assurance, Keledan décela aussitôt que l'apparente assurance de la jeune femme était plutôt bancale. Elle était nerveuse, pour une raison qui ne semblait pas lié à sa présence sur le navire. Il faudrait creuser la question. Trouver un moyen de pression sur elle. Tout le monde en avait un, et une fois trouvé, il devenait aisé de manipulé une personne. Le défi amusait le voleur elfe.
-Puisque vous ne semblez pas démordre de votre version de «kidnapping», restez-y accroché. Je vais plutôt vous faire un rapide topo. Vous êtes sur le «dame Kali», vaisseau sous le commandement de Samson la Balafre. Et la raison de votre présence, c'est que nous avons besoin de vous pour une importante...quête.
-Vous n'aurez rien de moi.
-Nous verrons.

Il ne servait à rien de s'acharner sur elle pour le moment. Autant la laisser se remettre du changement d'environnement, pas à pas. Il restait encore du temps avant d'atteindre le Grand Cercle...
-Au fait, lança-t-il sans se retourner, vous devriez me remercier: c'est grâce à mon intervention que vous ne vous êtes pas réveillé dans le litt de quelque soudard au sang chaud. À l'avenir, je me méfierais de Jake, le charmeur que vous avez rencontré à la Pomme Empoisonné. Il semble vous trouver à son goût.

Rien de tel que de laisser croire qu'il était un allié pour apaiser les méfiances. Le voyage s'annonçait passionnant.

Elle était sur le point de retourer vers la cale quand un étranger vint s’approcher d’elle.

-Bien le bonjour, gente dame, dit-il en s'inclinant le mieux qu'il put sur ce pont chancelant. Je me nomme Keledan Zoyek, à votre service.
-Pourquoi vous m'avez kidnappé, espèce de sale pirate?, lui répondit-elle, furieuse et ne trouvant pas d’insulte à lui envoyer à la figure sur le coup.

-Vous m'insultez, très chère. De un, je ne suis pas un pirate; de deux, vous êtes au contraire une invitée de marque.
-De marque? dit-elle d'un ton sarcastique en croisant les bras sur sa poitrine. On se demande bien comment…

Kara ne se sentait pas rassuré pour autant. La vue de l’eau encerclant le bateau l’a mettait mal à l’aise, mais elle essayait du mieux qu’elle le pouvait de le cacher. Quoi qu’il advienne, elle ne devait pas permettre à ses ravisseurs de découvrir ce dont elle avait peur.

-Puisque vous ne semblez pas démordre de votre version de «kidnapping», restez-y accroché. Je vais plutôt vous faire un rapide topo. Vous êtes sur le «dame Kali», vaisseau sous le commandement de Samson le Balafre. Et la raison de votre présence, c'est que nous avons besoin de vous pour une importante...quête.
-Comme si j’allais vous aidé…
-Nous verrons.

Sur ce, il tourna les talons et l’a laissa planté là, mais ajouta sans se retourner toutefois :

-Au fait, vous devriez me remercier: c'est grâce à mon intervention que vous ne vous êtes pas réveillé dans le lit de quelque soudard au sang chaud. À l'avenir, je me méfierais de Jake, le charmeur que vous avez rencontré à la Pomme Empoisonné. Il semble vous trouver à son goût.

‘’Le charmeur? À son goût? Le remercier?’’, pensa Kara.

Lorsqu’il eut disparu de sa vision, Kara redescendit dans la cale et s’assit sur un hamac, prise de nausée. Sûrement un mélange de la mer et du rhum. Comment pouvait-elle faire confiance à quelqu’un qu’elle ne connaissait même pas? Même s’il l’avait ‘’peut-être’’ aidé, se dont elle doutait fort, elle ne pouvait donnée sa confiance aussi facilement.

‘’S’il pense vraiment que ce charmeur de Jake nous fait peurs, c’est la preuve qu’il ne nous connaît pas encore.’’
Et voilà! Maintenant, Phoenix était réveillé et Kara aurait droit au plus sarcastique des commentaires.

-Mais une minute, se dit Kara tout haut.

Puis remarquant qu’elle parlait haut, elle se dit :
‘’Si ce Keledan dit vrai et que nous plaisons à ce Jake, nous pourrions l’utiliser à notre avantage!’’
‘’Eh oh l’endormis. Ce sont des pirates! S’ils en avaient eu l’occasion ils t’auraient tous sautés dessus un part un. Pourquoi voudrais-tu te servir de lui de toute façon? Nous sommes coincés au beau milieu de l’océan avec une bande de pirate pervers et sans scrupules…’’
‘’Tiens, ça me rappelle quelqu’un. Ce n’est pas moi qui est censé te donner des leçons?’’
‘’C’est parce que je détins trop sur toi ma chérie! Pourquoi l’amadouer lui, tandis que tu pourrais amadouer l’autre?’’
-Pourquoi pas!
‘’Je reconnais ces pensées. Ne soit pas si optimiste que ça marche. Certaines personnes peuvent être aussi joueuse que l’autre, si on ne le remarque pas.’’

Kara allait répliquer quand elle remarqua quelque chose. Elle n’avait plus ses armes, excepté quelques unes restés caché à des places non visibles sur elle. Frustré, Kara se releva dans la ferme intention de retourner voir ce Keledan, mais elle tomba face à face avec l’homme rencontré la veille dans le bar.

-Tiens, si c’est pas…

PAF!!

Kara ne le laissa pas finir sa phrase que déjà elle le frappait au visage. Mais maintenant qu’elle pouvait y voir clair, elle remarqua à qu’elle point il était plus grand qu’elle et qu’il était quand même bien bâtis pour un pirate. Jake reçut le coup en plein figure, mais ne se poussa pas pour autant. Kara allait le refrapper, mais il réussit à mettre sa main pour bloquer le coup et l’a serré. Il poussa violement Kara en bas des marches, qui se heurta la tête de plein fouet. Sonnée, elle se releva malgré tout, se tenant sur un poteau. Du sang se mit à couler de son front et de sa lèvre, mais elle n’en tint compte, sachant que la plaie allait se refermer. Kara ne devait en aucun cas montrer qu’elle était un loup-garou.

-Mais on est vilaine à ce que je voie. J’aime bien les femmes aussi dangereuses et jolies que toi. Il va falloir que je te donne ta punition.

La vision trouble, étourdit par le coup donné à sa tête, Kara ne le vit pas s’approcher d’elle et lui donner un coup de poing au visage, l’a faisant s’écrouler. Kara sentit la colère monter en elle et sentait Phoenix bouillonnée, mais elle tenta de garder son calme malgré tout. Si elle ne voulait pas montrer sa véritable nature, Phoenix ne devait en aucun cas sortir. Jake s’approcha d’elle et s’assit sur ses jambes, dans la ferme intention de s’amuser avec elle. Kara se débattit férocement et malgré ses jambes et ses mains retenues elle réussit à cogner son agresseur d’un coup de tête dur quand il avait essayé de lui voler un baiser. Grognant, il tomba sur le côté et Kara profita de se moment pour filer à quatre pattes, sa tête ne voulant plus tenir sur ses épaules. Elle allait atteindre les marches quand elle sentit qu’on l’a tirait vers l’arrière. Dans un moment de lucidité, Kara réussit à sortir une dague et de se retourner. Lorsque Jake fut au-dessus d’elle, elle le lui planta dans l’épaule, le faisant hurler de douleur. Il se dégagea d’elle et Kara en profita pour reculer jusqu’au mur derrière les marches, la vision toujours embrouillé et mouvante, elle entendit des pas descendre.

Comme il s'en doutait, cet imbécile de Jake avait pensé davantage avec ses couilles qu'avec son cerveau. À peine la jeune femme était-elle redescendut dans la cale que Keledan avait aperçut le pirate, un sourire qui en disait long sur les lèvres, se diriger nonchalament vers sa proie. Bon sang, il devait vraiment être excité par cette femme, pour oser défier l'interdiction formelle du capitaine! Cette femme devait en aucun cas être abîmée durant le voyage, de quelque manière que se soit. Une fois encore, il lui faudrait intervenir...

Il se dirigea résoluement vers l'incident imminent lorsqu'il fut arrêté en chemin par Gus, le cuistot du navire. Ce dernier transportait une lourde marmite de ragoût en direction de la cabine de Samson, mais une lame de fond un peu plus puissante que les autres lui fit perdre pied, renversant son chargement sur le pauvre elfe qui hurla autant de douleur sous l'effet de la brulure que de colère de voir ses splendides habits gâchés par la sauce graisseuse. 200 pièces d'or noyées dans une casserole de ragoût...
-Espèce de maladroit! se défoula-t-il sans vergogne sur le malheureux cuisinier qui ne devait pas avoir plus de vingt ans. Si je n'étais pas aussi pressé, je te jure que je jetterai par dessus bord!
-Mais monsieur Zoyek...
-Il n'y a pas de monsieur Zoyek! Maintenant, ramasse-moi ce gâchit, et je ne veux plus t'entendre geindre. Comporte-toi comme un homme, bon dieu!

Jake avait déjà disparut dans la cale. Merde, il était peut-être déjà trop tard...

Un grand fracas s'éleva alors, doublé d'un grognement de douleur rauque ne pouvant sortir que des cordes vocales d'un homme. Décidément, cette femme était pleine de surprises...il aurait dû se douter que toutes ses armes n'étaient pas là pour faire joli. La plupart étaient astucieusement camouflées sur sa tenue pour pouvoir être saisitàvec toute la rapidité et l'efficacité possible, et la dextérité des cachettes était telle que Keledan ne serait pas surpris d'en avoir manqué...pour ce que cela changeait.

Il descendit rapidement les marches de bois imbibé d'eau et constata que leur invitée, le visage en sang, s'était réfugiée dans un coin tandis que la montagne Jake se dressait de façon menaçante devant elle...avec un filet de sang qui lui coulait du nez. Elle avait du caractère.
-Jake, lança l'elfe à mi-chemin de l'escalier, une main sur la hanche et l'autre caressant le manche de sa dague courbe. Pourrais-je savoir ce que tu fais là?
-Ta gueule, Oreilles Pointues. Cette fois, tu nen m'empêcheras pas de prendre du bon temps avec cette donzelle...-Dois-je te rappeler que le capitaine en personne t'en a donné l'interdiction?
-Je connais bien Samson. Il lui suffira de voir ce qui se cache derrière cette tunique pour que lui-même souhaite en profiter...

Le voleur secoua tristement la tête devant le raisonnement barbare de ce crétin, qui ne voyait pas plus loin que son propre nombril, comme un animal. Il ne connaissait même pas son propre capitaine, lui-même un homme plutôt respectable. Pour un humain. Et un pirate.
-Dernier avertissement, Jake, menaça Keledan. La prochaîne fois...-
-Tu vas faire quoi, elfe? lança le pirate en se tournant enfin dans sa direction en craquant ses jointures. Qu'est-ce qu'un avorton dans ton genre pourrait...

Il ne fini jamais sa phrase, sinon sur un long râle qui ne pouvait être que le seul son que sa gorge transpercée par le couteau de lancé était capable de sortir. Du coin de l'oeil, Keledan nota que la femme ne perdait pas une miette du spectacle, avec un oeil aiguisé qui l'analysait en profondeur. Intéressant. Elle avait sûrement prévue le coup qu'il allait sortir à l'avance.

Tandis que le corps inanimé et pissant le sang du pirate s'affalait contre le plancher de bois et roulait contre la parois, l'elfe se dirigea vers leur invitée en sortant un mouchoir de sa poche, lui tendant ensuite avec un sourire.
-Vous aurez peut-être envie de nettoyer tout ce sang? Il ne met malheureusement pas votre visage en beauté...

La vision de Kara retrouvé, elle vit Keledan descendre les marches et s’arrêter dans une posture assez séduisante, pour mettre une de ses mains sur le manche de sa dague et intimer à Jake d’arrête ce qu’il avait commencé. Se doutant de ce qui allait arriver, Kara fit mine de jouer les innocentes et attendit patiemment le coup venir. Les paroles de Jake étaient assez grossières et si elle ne s’était pas retenue, elle lui aurait déjà tranchée la gorge. Mais peut-être que la perspective de voir tuer son ennemis de la main d’un membre de l’équipage passerait beaucoup mieux. Finalement, l’elfe lança sa dague comme prévue et le corps de Jake roula part terre dans un bruit sourd. Keledan s’approcha ensuite d’elle et lui tendit un mouchoir.

-Vous aurez peut-être envie de nettoyer tout ce sang? Il ne met malheureusement pas votre visage en beauté.

Kara le prit, tremblante, et tout en commençant à frotter son visage elle lui répliqua sarcastiquement :

-Vraiment? On m’a dit que c’était à la mode pourtant.

Elle laissa s’écouler quelque seconde, le temps de finir de s’essuyer le visage. Puis lorsqu’elle crut qu’elle en avait plus, elle le plia et le mit dans sa poche, tout en se demandent pourquoi il l’avait aidé? Ce Keledan devait avoir réellement besoin d’elle pour sa mission pour avoir empêcher qu’on ne l’agresse encore une fois. Mais pouvait-elle vraiment lui faire confiance malgré tout? Il semblait peut-être malhonnête, mais pour l’instant, c’était lui qui l’aidait le plus sur ce fichu navire. La première journée venait à peine d’être entamé qu’on tentait déjà de la violé!

Se sortant de ses réflexions, Kara se releva, malgré le balancement du bateau et dit, sa voie laissant transparaître son mécontentement, tout en se retenant contre le mur :

-Alors M. Keledan, quel est la suite du programme? Vais-je me faire torturée? Va-t-on me ligoté sur une chaise?

Amusé, Keledan reprit la jeune femme. La torturer? Mais ils n'étaient pas de sauvages! Il ne fallait pas mettre dans le même panier tout ces hommes et le défunt Jake. Des salauds, on en trouvait dans pratiquement tous les groupes d'individus, y comprit dans les organismes les plus nobles. En ceci, elle ne pouvait pas le contredire.
-Mais je suppose que vous souhaitez en savoir plus sur cette mission dans laquelle nous vous avons embarqué?
(...Kara...)
-Je vais vous faire la version courte. Connaissez-vous la légende du roi Lycaon? Il s'agissait du tout premier loup-garou de l'Histoire.

L'elfe se lança dans le récit de ce roi déchu. Connu pour sa cruauté, Lycaon règnait sur un petit royaume insulaire par la terreur et les carnage. Sur un simple hochement de sa tête, des dizaines de personnes pouvaient perdre la vie.

Selon la légende, sa sauvagerie était telle que les Dieux eux-mêmes commençaient à en être horrifiés. Décidée à lui laisser une dernière chance de salut, la déesse Dana descendit dans le monde des mortels en prenant l'apparence d'une jeune fille de douze ans. Agissant comme une pauvre miséreuse, elle s'arrangea pour se trouver dans le chemin du monarque afin d'atteindre la moindre étincelle de compassion qui aurait pu se trouver en lui.

Mais Lycaon était un monstre. Il captura la déesse et l'amena dans son palais, où il tenta d'abuser d'elle. Folle de rage, Dana reprit sa forme divine et maudit ce roi, le condamnant à posséder une apparence digne de son âme bestiale. Devenu loup-garou, le maudit pourchassa ses sujets et propagea l'épidémie, ce qui éparpilla la nouvelle race de lycanthropes aux quatre coins du monde.
-Comprenez-vous, maintenant, pourquoi nous avons besoin de vous? termina Keledan avec un sourire.
(...Kara...)

-Eh oui, je suis au courant de votre petite...particuliarité. Je suis d'ailleurs le seul à bord. Ne me demandez pas comment, mais j'ai pus difficilement retracer la lignée de feu Lycaon, et devinez quoi: vous êtes sa dernière descendante en vie!
(...Kara...)
-Et c'est cette ascendance du sang qui vous rend précieuse, car grâce à vous, descendante du roi Lycaon le Maudit, nous pourrons dénicher le trésor perdu de Lycania: L'Orbe du Sang Bestial.

(Kara, merci de remplir les vides, et d'en ajouter, si tu le juges pertinent).

-Mais je suppose que vous souhaitez en savoir plus sur cette mission dans laquelle nous vous avons embarqué?

-On peut rien vous cachez, dit-elle sarcastique.

-Je vais vous faire la version courte. Connaissez-vous la légende du roi Lycaon? Il s'agissait du tout premier loup-garou de l'Histoire.

Mais bien sûr qu’elle connaissait cette histoire! Ce n’était pas la première fois qu’elle l’entendait. Mais elle fit mine de ne pas la connaître, pour ne pas éveiller les soupçons et écouta son récit qui lui ranima un souvenir enfouit très loin dans sa mémoire. Elle se vit petite, bordée dans un lit et écoutant son père lui relaté la même histoire, un compte pour l’aider à s’endormir, que Keledan relatait, hormis quelque détail que son père avait changé, sous l’ordre de sa mère. Sans que Kara ne le sache, elle découvrait en fait en écoutant son père l’histoire de sa famille, d’où elle venait, ses origines. Néanmoins à ce temps là, elle ne savait pas encore qu’elle était un loup-garou, et son père avait jugé bon de ne pas le préciser pour ne pas effrayer l’enfant qui allait dormir paisiblement dans son lit. Resurgissant de ses pensées, Keledan finit son récit en lui posant une question.

-Comprenez-vous, maintenant, pourquoi nous avons besoin de vous? Termina-Keledan avec un sourire.

Kara hésita. Le sourire de Keledan était assez évident. Elle eut juste le temps de détourner le regard avant que Keledan ne continu, sur un ton victorieux.

-Eh oui, je suis au courant de votre petite...particularité. Je suis d'ailleurs le seul à bord. Ne me demandez pas comment, mais j'ai pus difficilement retracer la lignée de feu Lycaon, et devinez quoi: vous êtes sa dernière descendante en vie!

QUOI? COMMENT? POURQUOI? Kara n’avait pas souvenir de ça. À n’importe quel moment dans sa vie elle n’aurait voulu entendre que son ancêtre était un homme sans âme. Comment pouvait-on être l’ancêtre d’un tel monstre? Cette idée l’a répugna plus qu’autre chose. Mais cela expliquait peut-être le côté sadique et vicieux de Phoenix. Les loups-garous avait certes un côté assez monstrueux, mais pas aussi tordu que sa camarade. Elle se demanda également pourquoi il ne l’avait pas divulgué au reste de l’équipage. Aurait-il eu peur qu’il refuse de le suivre dans cette quête perdu d’avance? Mais encore une fois, la voie de Keledan vint la sortir de ses réflexions.

-Et c'est cette ascendance du sang qui vous rend précieuse, car grâce à vous, descendante du roi Lycaon le Maudit, nous pourrons dénicher le trésor perdu de Lycania: L'Orbe du Sang Bestial.

À ses mots, Kara partit à rire. Un rire fou qui l’a prit soudainement sans qu’elle nit puisse rien. Au bout de quelque seconde, elle finit de rire et le regarda, avec un grand sourire aux lèvres.

-Vous êtes sérieux? Vous croyez vraiment à cette histoire de trésor?

(..Keledan…)

Kara se souvenait que son père avait fait mention de cette légende dans l’histoire du roi Lycaon, à propos d’un fameux trésor tant convoité par les marins, mais impossible à trouver. Il lui avait raconté qu’il était gardé par des créatures magiques aussi extraordinaires les unes que les autres et que, ayant beaucoup d’influence, le roi Lycaon avait sûrement trouvé un moyen efficace de protéger son trésor à l’aide de puissants sortilèges. Redevenant soudainement sérieuse, croisant les bras sur sa poitrine, Kara lui demanda :

-Et en quoi vous servirai-je dans ce cas? J’ai beau peut-être être la descendante de ce roi, je ne comprend pas en quoi je vous serais utile?

-Vous êtes sérieux? Vous croyez vraiment à cette histoire de trésor?

Keledan s'attendait à une telle question. Ce n'était qu'une légende, après tout. Mais tous les mythes ne possédaient-ils pas un fond de vérité...?
-Ne me prenez pas pour un de ces chasseurs de trésors du dimanche qui partent des mois dans les territoires sauvages sous la simple promesse d'une rumeur. J'ai fais d'assez longues études sur le sujet pour m'assurer d'avoir une piste solide à suivre. D'ailleurs, je ne crois pas vous l'avoir dit, mais avoir réservé ce bâteau pirate m'a couté une douloureuse fortune.

C'était vrai. Outre la location du navire et de l'équipage -ce capitaine était extrêmement dur en affaire, et il savait négocier en se servant de sa tête-, il lui avait fallut acheter tout le matériel, prévoir pleins de détails, et surtout, surtout: trouvé l'élément manquant du puzzle: un descendant du sang de Lycaon. Cette femme, justement.

La repérer fut particulièrement ardus, et ils avaient dû fouiller des archives poussiéreuses, remonter des pistes hasardeuses et interroger quelques personnes...dont des loups-garous. En fait, il en avait trouvé un seul, et pas des plus calmes. Ce petit salopard avait bien faillit l'étriper, avant qu'il ne parvienne à le maîtriser dans le piège à base d'argent. Avec la bonne persuasion, il s'était montré très loquace. Beaucoup de lycanthropes ont une certaine affinitée sauvage qui leur permettaient de repérer leurs semblables entrés dans la catégories des alphas; or, la descendances de Lycaon en faisait partie, et la majorité des loup-garous se cachaient dans un trou sur leur passage.
C'est ainsi qu'il avait remonté la piste de cette mystérieuse femme solitaire, vivant presque en ermite dans la nature. Elle aurait fait parler d'elle à quelques reprises, mais rien de bien tangible. C'était littéralement un coup de chance que cet idiot de Jake soit tombé sur elle dans un pub. Une vérification sommère avait confirmé ses impressions, et ils avaient amarré le soir même.
-Et en quoi vous servirai-je dans ce cas? J’ai beau peut-être être la descendante de ce roi, je ne comprend pas en quoi je vous serais utile?

Directement dans le vif du sujet. Elle était curieuse, très intelligente, et dangereusement imprévisible. L'elfe su qu'il lui faudrait faire gaffe à ce qu'il disait, pour ne pas trop en dire.
-Je ne peux pas vraiment vous le dire, puisque ce ne sont que des théories. Mes recherches semblent seulement prouver que seul le sang de Lycaon permettra d'accéder au trésor. Une ancienne magie, sans doute, que vous serez capable d'annuler. Une fois l'Orbe entre mes mains, vous pourrez repartir, et peut-être même garder une part du butin. Après tout, il vous revient un peu, en quelque sorte.
(...Kara...)
-Et si je vous donnais des appartements plus confortables que cette cale infecte? proposa-t-il, conciliant. Je demanderai au capitaine de vous en attribuer. Avec un verrou sur la porte, évidemment, pour plus d'intimité. Au fait, pourrais-je savoir votre nom? Je ne crois pas avoir le plaisir de le connaître.

-Je ne peux pas vraiment vous le dire, puisque ce ne sont que des théories. Mes recherches semblent seulement prouver que seul le sang de Lycaon permettra d'accéder au trésor. Une ancienne magie, sans doute, que vous serez capable d'annuler. Une fois l'Orbe entre mes mains, vous pourrez repartir, et peut-être même garder une part du butin. Après tout, il vous revient un peu, en quelque sorte.

Comme si j’allais avoir ma part!, se dit Kara. Elle se doutait que cet elfe qui se tenait devant elle était fourbe et qu’elle ne pouvait pas lui faire aussi facilement confiance. D’abord, il n’avait pas utilisé les bons thermes pour essayer de la persuadé. Entre mes mains. Peut-être une part? Me revenir un peu? Baliverne! Se dit Kara. On verra bien qui pourra rester assez longtemps dans le jeu pour l’obtenir ce fameux ‘’trésor’’.

-Et si je vous donnais des appartements plus confortables que cette cale infecte? proposa-t-il, conciliant. Je demanderai au capitaine de vous en attribuer. Avec un verrou sur la porte, évidemment, pour plus d'intimité. Au fait, pourrais-je savoir votre nom? Je ne crois pas avoir le plaisir de le connaître.

‘’AH!! Il fait toutes ses recherches sur nous et il ne connaît pas même ton nom!’’, se moqua Phoenix.

Regardant Keledan d’un sourire charmeur, elle lui répondit sur un ton tout à fait calme et posé, tout en s’approchant de lui, de sorte qu’elle ne soit qu’à quelque centimètre de son visage, les mains posées sur les hanches.

-Se serait en effet une bonne idée. La meilleure que vous ayez eu jusqu’à maintenant en fait. Qu’en a mon nom, pour l’instant il n’est pas nécessaire de le connaître, puisque je ne suis que l’objet dont vous avez besoin pour trouver un trésor protégé par plus de créatures dangereuses que vous ne pourriez l’imaginer. Et, à ce que je sais, rien ne m’oblige à vous aider.

À ses mots, elle lâcha ses hanches et laissa planter là l’elfe pour monter les marches, tout en se tenant aux rampes, pour éviter de tomber, le bateau n’arrêtant pas de basculer vers la droite et la gauche. Kara s’arrêta ensuite en haut et y attendit Keledan. Lorsqu’il monta, il lui accorda qu’un bref regard, puis il partit vers le pont où se tenait la bard. Kara le suivit tout en ignorant les regards malhonnêtes qui se posaient sur elle au fur et à mesure qu’elle progressait vers le pont principal. Même si ses regards et la mer l’a mettait très mal à l’aise, elle réussit néanmoins à rester calme et à éviter de marcher près du bord de bateau. Ils arrivèrent finalement devant une porte, où Keledan s’y arrêta quelque seconde, le temps à la voie se trouvant à l’intérieur leur dise d’entrer. Keledan ouvrit ensuite la porte et laissa entrer Kara d’abord, qui n’eut aucun regard pour lui, avant de pénétrer dans la cabine du capitaine.

La pièce était sombre et était illuminé par des chandelles posées ici et là. Un homme de haute stature se tenait assis derrière un bureau remplis de carte et de babiyole. L'homme avait une courte barbe noir, portait un grand chapeau de pirate, ses dents étaient jaunis par le temps et son regard était impénétrable. Mais ce qui enlaidissait encore plus cet homme était la profonde cicatrice qui lui entaillait l'oeil gauche jusqu'au coin de sa bouche. Malgré son apparence Kara crue sentir en lui une bonté caché derrière ses allures de pirates barbares. Il prit d'abord une gorgé de sa bouteille, surement du rhume, hypothèsa Kara, puis demanda:

-Que me vos l'honneur d'accueillir une aussi belle jeune femme à bord de ma dame Kali?

-Aucun honneur n'est à tiré puisque je ne suis pas ici de par ma volonté.

-Elle a du caractère, dit-il en s'adressant à Keledan. Votre voyage vous plait-il?

-En fait non. Votre équipage n'est pas très hospitalière.

Le capitaine regarda Keledan.

(Keledan)...

-Je m'en voie navré. Mais puisqu'il est mort, voyons cela comme du passé. Oh, mais j'allais oublié de faire les présentations. Je suis le Capitaine Samson le Balafre., il se leva, d'une démarche assuré et s'assit au devant de son bureau et se croisa les bras, croyant peut-être que la mention de ce nom allai effrayé la jeune femme qui se tenait devant lui, mais qui ne se doutait pas qu'elle était aussi dangereuse que lui. Connu pour être sans pitié et pour détrousser et détruire tout navire croissant mon chemin.

Kara eut un sourire en coin. Essayait-il de lui faire peur? Kara sentit alors que le Capitaine semblait attendre qu'elle se présente à son tour, or elle dit simplement:

-Je suis Kara.

Elle sentit ensuite le regard de Keledan se posé sur elle, mais encore une fois, elle l'ignora. Puis, mal à l'aise, ne trouvant autre chose à dire, n'ayant pas l'habitude d'être en la précense d'inconnu, elle croisa ses bras sur sa poitrine et laissa l'elfe poursuivre...

(Keledan)....

Lorsque la jeune femme lança l'allusion à peine camouflée sur l'assaut de cet abruti de Jake, Keledan avait déjà une réponse de préparé lorsque le capitaine posa son regard sur lui, en quête d'une réponse qu'il redoutait d'entendre. Il fallait savoir que le défunt pirate était autrefois un homme de confiance, avant que son obsession pour les femmes ne devienne problématique.
-Jake ne nous embêtera plus, j'en ai peur, annonça laconiquement l'elfe. Je crains qu'il ait été la première impression de notre invitée sur vos hommes.

Le capitaine grommela dans sa barbe et referma sèchement le livre qu'il consultait avant l'intervention de ses deux passagers. Ils n'avaient même mit pied à terre que déjà, il avait un homme en moins. Keledan cherchait encore un moyen pour l'apaiser, le temps de trouver le trésor de Lycaon...

Cette femme, Kara, d'après ses dires, avait vraiment un sacré caractère, et lorsque le capitaine lui balança son habituel discours visant à tester le caractère de ses interlocuteurs, elle ne broncha pas. Keledan, avec son sens de l'observation hérité de son peuple sylvestre, remarqua même une légère crispation des extrémités de sa bouche qui prouvèrent un léger amusement. Puis, elle laissa, d'un geste de la main, Keledan continuer.
-J'ai pensé que notre invitée mériterait une cabine digne de ce nom. Une juste compensation, considérant l'épreuve qu'elle vient de traverser...
-Vous vous croyez sur un navire de croisière, elfe? grogna le pirate. Vous voulez peut-être que je lui offre un service de massage par Igor la Tremblote?
-Vous êtes marrant, capitaine?
-Je vais mettre les choses sous un angle que vous allez comprendre: la seule et unique raison pour laquelle je n'ai pas encore envoyé votre carcasse de rat fouineur dans l'océan avec un boulet autour du cou, c'est parce que vous m'avez promit un gros butin. Mais rien dans notre contrat n'affirme que vous devenez le seul maître à bord!

Keledan encaissa la remontade sans broncher. Cependant, la décision que le capitaine prit, et avec un sourire satisfait des plus désagréables, fissura son masque d'assurance.
-Mais il est vrai que cette demoiselle mérite des quartiers dignes de ce nom. Le Dame Kali ne possède pas énormement de cabines, je suppose donc que vous ne verrez aucun inconvénient à lui céder la vôtre?
-Quoi?
-C'est ce que je croyais. Vous pourrez donc y emménager après que l'elfe aura ramassé ses affaires.
(...Kara...)

Entendre le capitaine réprimander Keledan était assez amusant pour Kara. Elle s’était bien douté que le capitaine ne serait pas si content de ce qu’il demandait. Mais lorsqu’il fit la proposition de donner la cabine de l’elfe, là, Kara ne put s’empêcher de sourire.
…
-C'est ce que je croyais. Vous pourrez donc y emménager après que l'elfe aura ramassé ses affaires.

-Je n’en demandais pas tant. Merci capitaine. , elle se retourna vers Keledan, Donc vous viendrez me prévenir lorsqu’elle sera prête.

Aimant bien jouer de cette situation, elle sourit encore plus en remarquant l’expression de Keledan. Elle savait pourtant qu’elle ne devait pas en faire trop. Elle n’était pas de celle qui avait besoin de toute la richesse et du confort, mais elle ne pouvait s’empêcher de profiter de cette occasion. Ce voyage allait être intéressant. Sans plus un mot, elle sortit de la cabine et referma la porte derrière elle. Le soleil l’éblouit, mais elle eut seulement à cligner de yeux et sa vue s’ajusta. Il faisait sombre dans cette cabine. Elle s’avança sur la passerelle et s’assit sur un tonneau qui était installé près de la poutre. Elle regarda alors autour d’elle. Des matelots effectuaient leur tâche, allant ici et là, comme s’ils étaient pressés, sous les ordres du second semblait-il. Certains qui passèrent devant Kara l’a regardèrent curieusement, se demandant sûrement ce qu’une femme faisait à bord. Un des matelots osa même s’approcher d’elle et lui parler.

-Je te connais?

-Cela m’étonnerait, répondit Kara s’en daigner le regarder.

-Kara?

Interpellée, elle se retourna. Plus grand qu’elle, il était baraqué de la tête aux pieds, il portait une chemise rouge foncé et un pantalon noir. Ses cheveux étaient longs et bruns jusqu’à ses épaules et il portait un foulard par-dessus.

-Bill!, cria-t-elle pleine je joie. Mon pirate favori.

-Le seul et l’unique.

Kara le serra dans ses bras. Elle en avait tant vécu avec lui. Mais c’est la prise de Bill qui serra le plus. Il avait une de ses poignes.

-Mais que fais-tu ici dis-moi?

-C’est à toi que je devrais te poser la question.

-Eh bien, ne le dis à personne, mais nous sommes à la recherche d’un trésor, fit-il avec un clin d’œil complice.

-Ah je voie.

Kara le regarda d’un air suspicieux. Ce pirate était l’un de ceux dont il fallait se méfier le plus. On ne savait jamais si on pouvait lui faire confiance, car à n’importe quel moment, il pouvait décider de vous trahir. Il était gentil, mais lorsqu’on parlait d’argent, on le perdait. Son allure de baraqué allait aussi avec son caractère. Néanmoins, si la situation dégénérait, Kara savait qu'elle aurait au moins un allié.

-Dis. Tu ne m’avais pas dit que tu avais le pied marin.

Kara le regarda d’un regard noir. Lui signifiant de ce taire. Avec un rire caverneux, il tira sur la corde et déplia la voile comme le voulait le second.

-Tu traîne avec Oreille Pointus maintenant?

-Oreille pointu? Ah, fit Kara en comprenant de qui il s’agissait. Je couvre plus tôt mes arrières si tu vois ce que je veux dire. Les pirates ne sont pas aussi gentils que toi.

-Je vois…il regarda derrière lui comme pour voir si personne ne l’écoutait, puis chuchota, si tu veux mon avis, ce n’est pas tout le monde qui est d’accord de naviguer avec un elfe qui pense être le chef de tout le monde. Le capitaine rêverait de le voir passer par-dessus bord. Mais tu sais comme moi que c’est plus l’or qui l’intéresse et comme il est la carte.

-Je voie. Alors je ne serais pas la seule à vérifier mes arrières. Mais dis-moi cher Bill, tu étais au courant de ce manège?

-Bien sûr! Mais je ne savais pas que ce serait toi la femme qu’on enlèverait. T’a d’la veine que j’ai été là. C’est moi qui t’es transporter jusqu’ici et crois-moi, tu n’aurais pas voulu que ce soit un autre.

Kara détourna alors la conversation.

-Dis-moi, mon beau et grand gaillard. Tu n’aurais pas des informations sur la destination ou sur quoi que ce soit d’autre. , fit-elle d’une voie douce et charmante. Elle savait que ses charmes marchaient bien avec Bill.

Bill l’a regarda d’un air septique. Mais comme à l’habitude, il ne pu résister aux charmes de son amie et il sourit de toute ses dents.

-Mmm.Je déteste quand tu utilise ce truc.

-Quel truc?, répondit-elle innocemment.

Il lâcha un soupir et dit :

-Malheureusement, je n’en sais pas plus que les autres. Je sais seulement qu’on va chercher un trésor ancien. Mais quelque chose me dit que ce ne sera pas de tout repos. Tu devrais lui poser la question, finit-il en retournant travailler et en pointant dans la direction opposé.

Kara regarda dans cette direction et vit Keledan. Mais bien sûr! Elle se dirigea alors vers lui, et lui demanda :

-Alors, avez-vous débarrassez votre cabine?...

Kara se retint. Elle allait lui dire que finalement s'il tenait tant à sa cabine elle pouvait dormir avec le reste de l'équipage, mais même si elle en connaissait un pirate sur quoi, 50? , cela ne guarantirait pas qu'elle allait avoir la paix, alors autant profiter de l'occasion d'avoir une chambre pour elle seule.

Keledan fulminait de s'être fait ainsi manipulé comme un bleu. Et par un pirate, en plus! Néanmoins, il respectait Samson pour ça. Un homme qui maniait aussi bien les discours était certainement digne d'intérêt. Il n'en était pas moins agacé de devoir partager les dortoirs crasseux empestant le moisis, le vomi et les dieux seuls savent quoi d'autre. Il préfèrait ne pas le savoir.

Tout en entrant dans sa cabine -qui n'était plus la sienne, désormais-, il songea aux implications de ce que le capitaine lui avait dit. Bien sûr, il avait eut des doutes sur le fait qu'il n'était nullement le bienvenue à bord, mais maintenant que les cartes avaient été misent sur table, il devrait se montrer prudent. Sa seule garantie était ses informations sur le trésor, mais ensuite? Une fois le butin à porté de main, qu'est-ce qui empêcherait les pirates de se débarasser de lui, en l'abandonnant sur les terres insulaires de l'ancien royaume dans le meilleur des cas? Il avait beau être un excellent combattant, il ne pouvait tout simplement pas se battre seul face à tout l'équipage. D'autant que le Dame Kali nécessitait au minimum une dizaine de matelot pour être manoeuvré en haute mer.

Heureusement que l'elfe avait apprit rapidement à voyager léger. S'il aimait profiter des belles choses, il ne voyait pas l'intérêt de s'encombrer de babioles qui, au final, outre de l'encombrer attirerait tous les bandits d'Izildor aussi sûrement que s'il brandissait un panneau qui indiquait «Je suis riche;volez-moi!» La cabine fut donc rapidement nettoyée de ses affaires, et il y jeta un dernier regard en soupirant.

Un voyage pas de tout repos.

Lorsqu'il sortit, il aperçut la jeune Kara en pleine discussion avec un des pirates, dont le nom lui échappait. Curieusement, elle semblait jouer de ses charmes pour l'amadouer. N'est-ce pas étrange, pour une femme ayant passé si près de se faire violer par un autre membre d'équipage? Les représentantes du beau sexe auront toujours des mystères insolubles pour lui.

Lorsque Kara le vit, elle abandonna le pirate pour se diriger vers lui à grande enjambées. La façon effrontée qu'elle lui demanda s'il avait libéré la chambre lui hérissa le poil, mais il se retint de sortir une réplique cinglante. À quoi bon?
-La cabine est vôtre, gente dame, dit-il simplement. J'espère que vous l'apprécierai. Voici la clé.

Satisfaite, Kara s'en retourna. Il valait peut-être mieux tenter de la mettre de son côté. Keledan, malgré son manque de scrupule face aux biens matériels d'autrui, n'était pas un monstre, et il s'en voudrait qu'une autre personne meurre des suite d'un de ses plans. Comme ce pauvre Jowan...

C'était de l'histoire ancienne. Mais le fait est qu'il était certains que les pirates se retourneraient contre eux deux une fois qu'ils auraient ce qu'ils voulaient, à savoir, le trésor de Lycaon. Si seulement ils savaient ce qu'il en retournait vraiment...

Il en avait des frissons.

-La cabine est vôtre, gente dame, dit-il simplement. J'espère que vous l'apprécierai. Voici la clé.

Kara inclina très légèrement la tête, puis elle se dirigea vers la cabine en question. Ce fut simple, car il ni en avait que deux. Une sûrement pour le second et l’autre pour…Et puis. Elle mit la clef dans la serrure et ouvrit la porte. La pièce n’était pas grande. Elle était composée d’un simple lit et d’un meuble. Dommage que ce ne soit pas un hamac. Elle les trouvait très confortable. Kara referma immédiatement la porte derrière elle en prenant bien soin de la verrouiller. Elle alla s’assoir dans le fond du lit et déposa sa tête sur ses genoux. Jusqu’à maintenant, elle avait réussit à garder tout au fond d'elle et à ne pas montrer une faiblesse et fondre en larme devant les pirates. Mais l’évènement de ce matin était la goutte qui avait fait déborder le vase après tout ce qui s'était déjà passé et elle ne put empêcher les larmes qu’elles retenaient depuis de couler silencieusement sur ses joues.

Comment allait-elle se sortir de cette situation. La confiance était la clef d’une bonne réussite. Mais comment faire confiance à un homme qui se servait d’elle? Être utilisé était l’une des choses qu’elle détestait le plus. Mais comment savoir si elle pourrait aussi faire confiance à Bill? Si son ami avait à choisir entre elle et le trésor, à supposer qu’il existe, il prendrait le butin.

Et pour Keledan?, murmura Phoenix.

Kara avait bien remarqué comme le capitaine et l’équipage ne semblait pas l’apprécier. Et si elle s’alliait avec Keledan et qu’ils seraient trahit, elle serait dans de beau drap. Et même si elle ne s’alliait pas, elle doutait fort que les pirates soient aussi cléments qu’ils pouvaient l’être. Mais comment lui faire confiance? Comment être sûr qu’il ne l’a trahirait pas. Tout était si compliquer. D’autres larmes s’ajoutèrent à celles qui coulaient déjà. La matinée avait été si mouvementé! Apprendre qu’elle était la descendante d’un homme sans âme, être prise sur un bateau sans aucune issu de secours. C’était comme être prise dans une cage. Et pour une louve-garou comme Kara, être prise dans un endroit aussi petit et restreint pourrait l’a rendre folle. Et qu’allait-elle faire pendant tout ce temps? La fatigue de cette journée lui tomba soudain dessus. Elle avait tellement de chose à régler. Une chance qu’elle avait cette cabine pour elle seule finalement.

Arrête de te tracasser et repose-toi!, lui dit Phoenix durement.

Kara lui obéit et s’étendit sur le lit pour être ensuite gagner par le sommeil. Elle poserait les questions à laquelle elle avait besoin de réponse à Keledan plus tard. Un petit somme ne lui ferait pas de mal…

Le soir était tombé.

Ayant grandit en ville avec une population très hétéroclite, Keledan n'avait jamais eut la chance de connaître les royaumes sylvestres de ses ancêtres elfiques. S'il parlait courrament le principal dialecte des elfes, il n'avait aucune connaissance sur les arts, la culture et les croyances de ce peuple qui n'acceptait même pas leur semblable «corrompus» par l'influence humaine. Le voleur n'avait jamais ressentit le besoin de «courir nu dans les bois» où quelque soit les occupations de son peuple. Sa vie lui convenait, pleine d'aventures, de richesses et de femmes...

Néanmoins, il lui arrivait parfois de ressentir de fortes émotions par rapport à certaines occasion qui venaient lui rappeler son héritage. Par exemple, malgré son goût pour le luxe, rien a ses yeux ne pouvait rivaliser avec la beauté sauvage de la nature. Dormir avec comme seul plafond la voûte céleste était on ne peut plus apaisant. Qu'il le veuille ou non, il restait un elfe, n'est-ce pas?

Dormir sur le pont ne s'avérait pas être la décision la plus confortable, en raison des éclaboussures d'eau salé et du roulis des vagues. Mais Keledan préférait cela infiniment plus que de cohabiter avec les pirates et leur puanteur crasse.

Couché sur le dos, il admirait les étoiles. C'est alors que quelque chose heurta le côté de la coque, le secouant comme un prunier jusqu'à ce qu'il finisse sa chute contre une pile de barils. Il grogna de douleur et se permit de lâcher un juron, mais son esprit logique intervint lorsqu'il réalisa quelque chose; ce n'était pas une lame de fond qui les avait heurté.

Qui sait quel genre de créatures rôdaient dans les profondeurs insondables de l'océan? Déjà que sur la terre ferme, les dangers étaient grands. Keledan n'osait pas imaginer ce qui pouvait arriver dans ce milieu aqueux.

Un autre choc ébranla tout le navire, et cette fois, les quelques membres d'équipages occupés à la manoeuvre poussèrent des cris de surprises. La vigie sortie de son sommeil et Keledan vit le pirate fixé les alentours avec sa longue vue, visiblement inquiet.
-Par tous les tetons de la déesse des mers! rugit-il. Demi-tour! Faites un putain de demi-tour!

Décidemment, cela s'annonçait pas bien, songea Keledan en courrant vers la proue du Dame Kali en bouclant la ceinture de ses armes. C'est alors qu'il vit...

Kara ne pensait pas qu’elle aurait dormis aussi longtemps, mais lorsqu’une secousse étrange et des cris de surprises l’a réveilla, la nuit était tombé. Une pénombre régnait dans la petite cabine et seule la lumière de la lune qui réussissait à traverser la fenêtre éclairait la chambre. Mais ce n’était pas un problème pour elle, puisqu’elle voyait dans le noir aussi bien que dans le jour. À la première secousse, elle commença à bailler, puis à la deuxième, plus alarmante, elle se leva d’un coup. Elle risqua un œil par l’ouverture de sa porte entrebâillée, puis décida finalement de sortir. Première erreur.
Les pirates vaquaient ici et là en se criant par-dessus tête, comme s’ils étaient coincés dans une tempête. Mais ce n’était pas le cas. Puis une autre secousse fit rugir le bateau, qui balança dangereusement vers la gauche. Déséquilibré, Kara tomba, mais se releva immédiatement. C’est alors qu’un grand cri résonna dans la nuit, ressemblant plus à un grognement et Kara vit une gigantesque créature s’élever sur le côté du bateau, confirmant les craintes qu'elle avait eu plus tôt sur le fait qu'ils rencontreraient beaucoup d'obstacle sur leur chemin.

-UN SERPENT DE MER!, cria un des marins.

-TOUS À SON POSTE. ARMER LES CANONS!

Tous les pirates étaient à l’œuvre, même le capitaine était sortit de sa cabine pour donner des ordres. Mais Kara ne savait pas quoi faire pour les aider. Elle n’eut pas le temps d’y réfléchir, car la créature passa à l’attaque. Elle balança sa tête vers la bateau, écrabouillant au passage des pirates et croquant dans certains d’entre eux.

-FEU!

Les pirates tirèrent sur la créature, mais cela ne servit qu’à la mettre plus en colère. Elle se jeta dans l’eau et donna de violent coup dans le bateau. Sous la violence des chocs, les pirates tombaient, tiraient sur des cordes pour faire garder le cap au bateau. Puisqu’il faisait nuit, on ne distinguait pas grand-chose, mais Kara réussit à voir qu’un d’eux allait tombée et elle décida de passer à l’action. Elle l’attrapa de justesse par la main et se retint de l’autre à une corde. Elle essaya de ne pas penser qu’elle était très près du bord et tira le marin de toute ses forces. Quand elle réussit enfin à le remettre à bord, une affreuse tête reptilienne apparut juste devant eux, les regardants d’un air haineux. D’un geste systématique, elle leva le bras vers son dos, pour se rappeler trop tard qu’on lui avait retiré son épée. Grognant de rage, le serpent repassa à l’attaqua, mais cette fois-ci, il s’attaqua à la proue qui cassa sous la violence du choc. Beaucoup de matelot s’y dirigèrent, retenant la proue par des cordes. Mais le serpent ne donna pas le temps à l’équipage de se reprendre de cette attaque et il frappa de nouveau le bateau.

Voyant que l’équipage ne réussissait pas à tirer sur le serpent, Kara fit la première chose qui lui passa par la tête. Elle prit une dague, se l’a mit dans la bouche et grimpa à l’aide d’une corde. Deuxième erreur.

Espèce d’imbécile, tu vas te faire tuer, se dit-elle.

Ya que toi pour avoir d’aussi folles idées!,répliqua Phoenix.

Arrivée sur la voile, elle prit sa dague et l’a lança sur le serpent, essayant d’attirer son attention.

-HEY! ESPÈCE DE STUPIDE REPTILE À DEUX TÊTE! PAR ICI! YA D’LA CHAIR TOUTE FRAÎCHE JUSTE POUR TOI!

Elle fit aller ses bras dans les airs, puis réussit finalement à captiver l’attention du serpent. Elle ressortit une autre dague, puis attendit. Sentant la proue déséquilibrée, la peur au ventre, Kara se tint par une corde. Le serpent l’a regarda, puis rugit de plus belle et fonça tête première sur elle. Kara s’étant préparé, s’aida à l’aide de la corde et se hissa sur la tête du serpent. Le serpent rugit de plus belle, secouant violement sa tête de gauche à droite dans l’espoir de faire lâcher prise à son dîner. Mais Kara tint bon et lorsque la créature sembla se calmer, elle lui planta sa dague dans son œil gauche. La créature cria de douleur, puis secoua une seconde fois sa tête, faisant lâcher prise à Kara, qui revola non loin du navire, mais assez loin pour que le reptile ne s'intéresse plus à elle.

Kara lâcha un cri de terreur et fut projeter dans l’océan avec force. Même si les loups avaient la particularité de savoir nager très bien, ce n’était pas le cas pour Kara, qui n’avait jamais appris comment et qui avait une peur bleu de l'eau. Elle coula donc sous les abîmes de l’océan, essayant de chercher de l’air, son souffle ayant été coupé par le choc et ne réussissant pas à retourner à la surface, tant la puissance à laquelle elle fut projetée avait été forte. Paniquée, elle bougea des bras et de pieds, mais ne réussit pas à changer sa situation. Elle fut d’abord frappé par le froid mordant le l’eau, puis ses poumons s’emplirent peu à peu d’eau, l’a coupant ainsi de son dernier souffle.
La dernière chose que Kara vue avant de fermer les yeux, fut le bas du corps du reptile qui semblait prendre une poussée pour fondre une nouvelle fois sur le navire et une ombre passé juste au-dessus d’elle et l’empoigner par le bras.

Keledan était transit par la créature qui venait d'apparaître. Un serpent de mer géant? Et avec deux têtes en plus de ça? S'il y avait effectivement des dieux qui avaient créé le monde, ils avaient un sens de l'humour plutôt macabre. Un instant, l'elfe eu l'amusante pensée que le résultat devait être intéressant lorsque les deux têtes tentaient de se rendre chacune dans une direction différente. Mais ce n'était pas le moment.

Stupidement, les pirates chargèrent leurs canons pour tenter de toucher le reptile déchaîné. En principe, de telles armes devraient être efficace sur le monstre...si ce dernier voulait bien se donner la gentillesse de rester immobile pendant qu'ils le visait.

Le Dame Kali était solide, précisément renforcé pour supporter les monstres et les combats maritimes. Ce devait être la raison pour laquelle leur bâteau n'avait pas encore volé en éclats...Keldan se sentait impuissant. Comment diable était-il censé se battre contre un tel monstre?

C'est alors que Kara surgit, hurlant comme une furie et s'attaqua au reptile géant avec une témérité frôlant l'imbécilité suicidaire. Un moment, le voleur fut persuadé que le voyage se terminait ici pour elle. Mais rapidement, il se fit une autre opinion en étudiant les mouvements souples et les attaques redoutables qui semblaient stupéfier le serpent lui-même, en même temps qu'elles l'enrageaient davantage. Au moins, les deux gueules ne charcutaient plus les pirates que se rassemblaient de nouveau pour une contre-attaque.

L'elfe aperçut alors Kara enfoncer sa dague dans l'oeil globuleux du reptile marin, une stratégie appréciable, si elle ne s'était pas transformé en rodéo mortel qui propulsa finalement la jeune femme dans l'océan, où elle disparut parmi les vagues. Keledan attendit quelques secondes sans la voir réapparaître et comprit que quelque chose n'allait pas. Était-elle inconsciente, ou est-ce qu'elle ne savait pas nager? Difficile de savoir quel était le pire scénario....

Il repéra le pirate avec qui Kara discutait la veille et lui expliqua en quelques mots la situation. Sincèrement inquiet, le marin accepta sa part du plan qui consisterait à retenir la corde que l'elfe avait noué autour de sa taille. Il n'était pas aussi vigoureux qu'un humain, et s'il nageait mieux que la moyenne, il aurait de la difficulté à remonter un corps inerte.

Le plongeon fut glacial, et Keledan comprit dans la seconde que tout se jouerait dans les premiers instants. Il devait retrouver Kara, et vite, avant quelle ne se noit...

La voilà! Elle s'agitait encore mollement, prouvant qu'elle était à demi-consciente -et donc vivante-, mais ses mouvements cahotiques ne la désignaient pas comme étant une bonne baigneuse. Se propulsant comme un dauphin vers elle, Keledan la saisit par le bras, puis considérant son manque de véritables réactions, enroula son propre bras autour de sa fine taille et tira frénétiquement sur la corde. L'air commençait sérieusement à manquer dans ses poumons en feu. Un court moment, il crut que le pirate ne réagirait pas assez vite...

Miracle des miracles! Pensa-t-il en crevant la surface de l'eau, avalant de grandes goulées d'air avec plaisir. Son allié dû presque les remonter seul, car l'effort et les eaux froides avaient sappé son énergie.

Étonnement, les pirates étaient déjà venus à bout du serpent. Profitant de la distraction de Kara, ils avaient réussit à enfoncer un solide harpon dans la gorge du serpent, ce qui l'avait maintenu assez immobile pour que les canons finissent le travail. Maintenant, plusieurs parlaient avec enthousiasme de l,aventure qu'ils pourraient raconter -une vraie-, ainsi que du délice qu'était la chair de ce genre d'animal. Lorsque Keldan entendit les mots «festin» et «intestin» dans la même phrase, il se jura de ne rien toucher qui proviendrait du serpent géant.

Pour autant qu'il puisse voir Kara était....

Inconsciente, Kara ne savait pas ce qui se passait. Même lorsqu’on la sortit de l’eau, elle n’eut aucune réaction. Kara ne respirait plus! Mais dès qu’elle arriva sur le navire, Bill essaya de prendre son poult, sans toutefois le trouver. Voyant qu’elle ne réagissait pas, il prit une dague et détacha son corset, laissant l’air enfin pénétrer ses poumons et elle cracha l’eau qu’elle avait avalée tout en se tournant de côté. Par chance, Kara avait une chemise dessous. Elle prit de longue goulée d’air, comme si elle respirait pour la première fois depuis toujours. Un peu perdue et sous le choc, Kara se releva sur ses coudes et fut prise d’une folle terreur en apercevant l’eau de la mer. Son cri ne réussit pas toutefois à franchir ses lèvres et malgré ses tremblements incessants et sa grande fatigue, elle réussit à s’agripper à la personne la plus près d’elle, Keledan, sans savoir que c’était lui. Le corps de Kara était envahi de soubresaut incessant, ses lèvres étaient d’un bleu glaciale et sa peau d’une pâleur alarmante. Même si le corps encore humide de Keledan ne lui procurait pas de chaleur, Kara s’accrocha à lui comme si on allait l’a rejeté à l’eau.

Bill repartit et s’approcha avec des couvertures, mais voyant la réaction paniquée de Kara, il s’arrêta à quelque mètre d’elle et déposa délicatement une couverture sur ses épaules et lança une autre sur celles de l’elfe. La seule chose positive à ce qu’elle soit mouillée, fut que personne ne pouvait la voir pleuré silencieusement. Seuls ses yeux la trahissaient et seuls sur qui elle pleurait le voyait. Mais Kara s’en moquait. Elle ne pouvait plus les retenir.

Kara n’était pas effrayée par beaucoup de chose. Elle avait peur de l’argent, car il pouvait l’a tué, d’être prisonnière dans une cage et de l’eau. C’était ces trois plus grandes faiblesses et elle détestait le fait que ses ennemis le sachent et puisse l’utiliser contre elle. Maintenant, Keledan savait sûrement d’eux d’entre elle. Il faudrait qu’elle reste prudente. Fermant les yeux, elle enfouit sa tête dans l’épaule de l’elfe, essayant ainsi de fuir la peur qui la submergeait et cherchant un peu de chaleur face au froid glacial dont son corps souffrait.

Kara ne savait pas ce qui se passait autour d’elle. Les pirates triaient les reste du serpent de mer pour leur prochain repas et faisaient comme s'ils n’avaient pas remarqués qu’ils étaient tombés à l’eau, le capitaine était retourné précipitamment dans sa cabine, d’autres essayaient d’arranger la poutre avant de pouvoir continuer de voguer et Bill s’obstinait à rester près d’eux, inquiet pour son amie Kara, qui semblait souffrir énormément.
Toujours tremblante, Kara reprit peu à peu le contrôle d’elle-même. Sa peur avait diminuée et ses larmes avaient cessés. Tout d’un coup, toute la force de Kara disparut. Vidée de toute énergie, comme si tous ses muscles avaient été paralysés par le froid, elle sentit quelqu’un l’a prenant dans ses bras et l’a transporté dans la cabine. Vue sa petite taille, n’importe qui sur ce navire aurait pu la soulevé!

Les yeux maintenant ouverts, on assit Kara sur un lit. Elle vit alors le visage se reflété dans la lumière d’une bougie qu’on venait d’allumer. C’était Keledan!

Non! Ce n’est pas possible! Il aurait sauté à l’eau pour venir me sauver??!!!

Elle entendit alors la voie lointaine de Bill :
-hum.. Le meilleur moyen de se réchauffer et d’arrêter l’hypothermie est de se frotter contre un corps chaud. Et de préférence, il faut être nu...Ou être dans des couvertes chaudes…Alors…? Comment procède-t-on?

(Keledan.?.)

Kara avait-elle bien entendue! Frissonnant comme un petit glaçon, retenant ses bras contre son torse, elle était mouillée de toute part et n’avait plus la force de bouger un seul de ses membres. Elle savait qu’elle devait absolument enlevée ses vêtements si elle ne voulait pas mourir de froid, mais elle ne pouvait tout simplement plus bouger un seul de ses muscles et n’était pas en mesure de se fait de les enlever elle-même et être en présence des deux hommes l’a mettait vraiment mal à l’aise.

C’était tout de même Phoenix qui avait connue particulièrement le pirate barbare et non elle. Et elle ne connaissait pas assez l’elfe pour osez se mettre en tenue d’Ève devant lui. Mais peu importait l’a décision prise par les deux hommes, car Kara savait qu’elle n’aurait sans doute pas la force de s’objecté, mais elle mourrait tant de froid qu’elle espéra secrètement qu’il le fasse. Et ses joues se serait enflemmés d'un coup à pensée à cette simple perspective si elle n'avait pas eu le sang aussi froid.

Qu’attendent-t-ils bon sang?, se plaignit Phoenix, mentalement. Ils ont l’occasion de voir une vraie œuvre d’art nue et ils osent hésiter? Ils sont mieux de se dépêcher ses princes charmants, je meurs de froid!

***
Phoenix savait quelque chose que Kara ignorait complètement et elle prit grand plaisir à le lui cacher et attendit avant de le lui dire, attentive à la suite des évènements..profitant ainsi de cette occasion de tester la loyauté de l'elfe.!

La situation aurait pu être comique. Mais elle ne l'était pas. Alors que Keledan fixait cette pauvre femme terrorisée au point de s'accrocher à l'homme responsable de son kidnapping comme une bouée de sauvetage, il se prit a avoir pitié d'elle. Pour la première fois de sa vie, il eut des scrupules. Un trésor valait-il tout ça?

Il chassa ces remords par réflexes, ses mentors lui ayant inculqué très cruellement que ce genre de remords pouvaient s'avéré dangereux pour la survie. Le pragmatisme était parmi ses principales valeurs, et il s'y tenait.

L'elfe, constatant qu'il ne pourrait pas se détacher de la jeune femme, choisis de l'emmener lui-même dans sa cabine, où elle pourrait se réchauffer. La pauvre était complètement congelée! Il l'a sentait trembler contre lui, alors que son organisme se réadaptait déjà à la chaleur ambiante. Certes, il devrait très vite se changer pour ne pas tomber dans le même état que Kara, mais il avait apprit à s'endurcir lors de ses voyages dans le Nord.
-Hum...commença timidement le jeune pirate après que Keledan l'eut placé dans le lit. Le meilleur moyen de se réchauffer et d’arrêter l’hypothermie est de se frotter contre un corps chaud. Et de préférence, il faut être nu...Ou être dans des couvertes chaudes…Alors…? Comment procède-t-on?

L'ironie de la situation n'échappait pas au voleur elfe. Il savait apprécier la beauté du corps féminin, surtout nu, et Kara était indiscutablement dans les plus hautes catégories, avec une beauté «pure», c'est-à-dire sans les artifices qui d'ordinaire faisait le quotidien des femmes. Toutefois, jamais il n'avait même osé dévêtir Kara -une question de survie, essentiellement-. Après tout, elle restait une lycanthrope de la plus pure lignée, ce qui n'était pas sans danger. Et maintenant, il faudrait qu'il colle son corps nu contre le sien uniquement pour la sauver de la mort? Rapidement, son cerveau analysa les possibilités.

Le contact entre lui et elle serait probablement loin d'être désagréable, mais à long terme, ne risquait-elle pas d'être furieuse? Elle était probablement sa meilleure chance de survie une fois qu'ils auraient trouvé le trésor. Et le pirate? Kara avait l'air de le connaître, mais jusqu'à quel point? Elle sortait à peine d'une tentative de viol d'un membre du même équipage, après tout.

Mais il fallait réagir, et vite!

-Bon, dit-il finalement, nous allons au moins commencer par lui enlever ses vêtements trempés. Toi, cours chercher des habits de rechange-des chauds, de préférance-. Je vais me débrouiller...
-Des vêtements chauds...comprit!

Il tourna immédiatement les talons, mais Keledan eut le temps d'apercevoir un regard inquisiteur et légèrement méfiant. Bah! Il n'avait pas vécu toutes ces décennies en s'inquiétant de l'opinion des autres. Avec dextérité, il retira rapidement les vêtements détrempés en parvenant à réduire au minimal les zones stratégiques -qui aurait pu croire que toute son expérience avec les joutes amoureuses auraient leur utilité dans une situation pareille?-

Il s'empressa de la recouvrir de la couverture la plus épaisse qu'il put trouver et redressa sa manche. Il allait tenter quelque chose qu'il n'avait jamais essayer. Ce n'était pas dangereux, enfin pas pour elle, mais cela lui permettrait d'éviter une situation compromettante. Avant de commencer, il jeta un coup d'oeil à Kara qui, malgré son hypothermie avancée, le dévisageait avec défi. Quelle femme, tout de même!
-Croyez bien que l'offre de votre ami était tentante, dit-il en posant sa main contre le front de la jeune femme. Mais je préfère toujours quand il y a un peu plus...d'actions!

Dans le pire des cas, il aurait simplement l'air ridicule, en plus d'être épuisé. Mais il pourrait toujours essayer le plan B, à savoir, le plan à poil. L'elfe ferma les yeux et se concentra pour faire appelle à une technique qu'il n'avait étudié que de façon théorique. Les elfes de la dynastie Elebar, dont il était un lointain descendant -très lointain et très dilué par le sang- avaient la faculté de manipuler leurs énergies vitales, la chaleur corporelle y comprit, pour accomplir des miracles pouvant aller jusqu'à la guérison d'une plaie. Ce n'était pas de la magie en tant que tel, mais plus une facultée héréditaire, comme la résistance magique chez ses cousins drows. Mais il ignorait s'il pourrait usé de cette technique, là maintenant.

Il grogna un moment et s'efforça de chercher en lui cette énergie au coeur de chaque être vivant. Un temps qui lui paraissait incroyablement long s'écoula sans succès. Puis...

Comme un feu, l'énergie crépita à son approche. D'un autre effort de volonté, Keledan parvint à faire glisser, péniblement, cette force à travers son organisme jusqu'à ce qu'elle se déverse en Kara. Une vive lumière illumina la cabine tandis que la jeune femme reprenait doucement des couleurs, semblant même s'être endormie. Lorsqu'il mit fin au procédé, Keledan constata qu'effectivement, elle dormait paisiblement. Elle était sauvée!

Le contre-coup énergétique le frappa de plein fouet, et il se sentit vidé de ses forces, si...fatigué.

Tout ça pour gagner la confiance d'une femme...?

Keldan chancela un moment et finit par s'écroulé, mort de fatigue. Avant de sombrer dans un lourd sommeil, il eut le temps de constater -ô cruelle ironie!- qu'il s'était écroulé directement sur le corps endormi de Kara. Au moins, ce n'est pas si mal...

-Bon, dit-il finalement, nous allons au moins commencer par lui enlever ses vêtements trempés. Toi, cours chercher des habits de rechange-des chauds, de préférance-. Je vais me débrouiller...
-Des vêtements chauds...compris!

Après avoir entendue ce petit discours, Kara vint à la conclusion qu’il allait vraiment le faire. Enfin libéré de ses vêtements humides et collants, elle se sentit un peu mieux. Surtout que les gestes étrangement experts de l’elfe avait fait en sorte de couvrir le plus possible certains endroits qu’elle n’aurait pas voulu montrer. Enfouit sous une épaisse couverture, grelottant encore, elle sentit avec appréhension la douce chaleur qui tiraillait ses muscles pour les inciter à se mettre en éveille. Mais ils semblaient ne pas vouloir bouger pour autant. Keledan lui jeta un regard et elle le défia, comme si elle pensait qu’il avait une idée derrière la tête.

-Croyez bien que l'offre de votre ami était tentante, dit-il en posant sa main contre le front de la jeune femme. Mais je préfère toujours quand il y a un peu plus...d'actions!

Là, Kara fut touchée. Son visage se figea de stupéfaction. Si elle en avait eu le pouvoir, Kara aurait tellement rougit qu’elle aurait sans doute réussit à se décongelé en un claquement de doigts. Mais étant encore gelée, rien ne se vit. La suite de évènement l’a rendit perplexe par contre. Keledan avait mis sa main sur son front et semblait faire un grand effort de concentration. Mais Kara était tellement fatiguée que ses yeux se fermaient déjà tous seuls. Elle tenta de rester éveiller, mais la fatigue l’a prit et elle ferma les yeux pour de bon.

Sa respiration commençait à faiblir et elle sentit qu’elle partait dans un sommeil douloureux et froid, quant une source de chaleur l’atteignit de plein fouet. Elle sentit une force se déversé en elle, comme si une nouvelle énergie venait d’entrer dans son corps pour la guérir et tout ses muscles purent se dégourdir enfin. La forte chaleur se propagea et elle sentit enfin qu’elle n’avait plus froid. Sa peau reprit son teint habituellement pâle, mais quelques couleurs s’ajoutèrent à ses joues.

Même si elle venait de recevoir assez d’énergie pour courir un marathon, elle resta dans son sommeil qui devint plus doux et paisible. Pour la première fois dans la journée, elle se sentait bien. Elle n’avait plus mal physiquement ni émotionnellement. Mais son sommeil ne dura pas longtemps, car elle sentit un lourd poids s’abattre sur elle. Elle ouvrit les yeux et découvrit Keledan, qui était tombé de fatigue. La force qu’il avait du utiliser avait du lui prendre beaucoup d’énergie. Puis, comme réveiller par un choc, elle se rendit compte qu’elle était encore nue. Elle poussa délicatement l’elfe sur le côté et réussit à se relever, tenant toujours la couverture en place. Elle regarda autour d’elle dans l’espoir de trouver quelque chose à se mettre quand elle entendit la douce voie de Phoenix.

Si je m’étais attendu à ça! Il tient vraiment à toi cet elfe pour avoir dépensé toute cette énergie. Que dis-tu de cela? Habituellement, nous sommes en mesure d’être immunisé contre n’importe quel froid. Nous n’aurions jamais dû être en hypothermie. Mais comme tu ne sais pas nager et que tu es resté plus longtemps…Mais sais-tu la meilleure? Nous ne pouvons pas mourir de cela comme tu le pensais.

QUOI?

J’ai oublié de te le dire! Répondit Phoenix, sarcastique. Qu’elle maladroite!

Tu aurais pu me le dire, il n’aurait pas dépensé de l’énergie pour rien.

Mmm…la situation était trop tentante. Imagine s’il se serait mis nu lui aussi! Mais il préfère quand il y a de l’action et nous sommes tout à fait d’accord avec lui…Mais ce n’est pas de ce que je voulais te parler. Tu aurais guéris l’hypothermie, mais ça t’aurais pris quelques jours avant, l’elfe n’a qu’accéléré le processus, ce qui est un avantage pour nous puisque tu ne voulais pas être prise de faiblesse avec tout ses hommes autour de toi. En plus nous avons eu l’occasion de le tester. Et je dois avouer qu’il a même réussit dépassé mes attentes. Tu peux lui faire confiance pour l’instant ma chérie!

Je ne fais pas confiance à quelqu’un aussi facilement.

Comme bon te semble. Mais il te ferait un excellent allié.

Malgré la colère qu’elle éprouvait pour Phoenix, elle s’abstint de tout commentaire. Il était vraiment étrange qu’elle ressente d’aussi contradictoires sentiments. Comment pouvait-elle encore ressentir de la méfiance? Peut-être êtes-ce parce que les gens n’étaient jamais aussi près de l’image que l’on se faisait d’eux. La discussion n’avait duré que quelque minute, donnant le temps à Bill d’arriver en hâte dans la chambre, par la porte resté entrebâillé.

-Keledan j’ai…oh!, s’arrêta-t-il, voyant une jeune femme envelopper dans une couverture et l’elfe, inconscient sur le lit.

Un sourire malsain se dessina sur ses lèvres :

-Tu ne perds pas de temps à ce que j’vois!

Kara le foudroya du regard, ce qui ne le départit pas de son sourire. Elle s’approcha de lui et lui prit les vêtements d’une main.

-Ce n’est pas du tout ce que tu crois…Mais voyant toujours le sourire idiot de Bill sur son visage, qui s’imaginait surement la scène, Kara leva les yeux aux ciels.

Ah les hommes!

-Sale pervers va!

Le barbare leva les mains dans les airs en haussant les épaules.

-Que veux-tu? Je ne peux pas m’en empêcher. Surtout avec une aussi belle femme devant moi.

Kara leva de nouveau les yeux aux ciels, puis elle le remercia et referma la porte. Les habits que le pirate lui avait apportés étaient vraiment grands. Elle passa une chemise blanche à manche longue sans bouton qui flottait sur elle, mais qui lui allait bien malgré tout et un pantalon noir qui ne tenait vraiment pas. Elle prit la ceinture qu’elle avait sur son autre pantalon et l’enfila. Il y avait aussi des petits souliers ressemblant à des ballerines qui lui firent presque à la perfection. Étrange, se dit Kara. Elle se tourna ensuite et prit ses vêtements et les tordit, sans prendre en compte qu’elle mouillait le plancher. Elle les mit sur une chaise qui traînait non loin pour qu’ils sèchent plus vite, puis entreprit de réunir toutes ses dagues et d’en cacher quelques unes sur elle.

Kara finit de placer ses choses sur elle avant de regarder de nouveau vers le lit. Allait-elle le laissé ainsi dormir et mouillé tout son lit! Une idée lui vint alors! Elle s’approcha de lui et le dévêtis. La tâche ne fut pas facile puisqu’il dormait encore, mais elle réussit néanmoins à les lui retirer au complet, sans le réveiller et en cachant les endroits à couvrir! En cours de route, elle tomba sur des articles très intéressant. D’abord une dague caché dans sa botte, pas très étonnant, deux petites bourses remplis de pièce d’or, très habilement caché dans sa veste et une dague recouverte dans un étui étrange, qui se trouvait sous son bras droit. Dès qu’elle y toucha, Kara se figea. Son instinct lui avait dicté la méfiance et elle l’écouta en enleva la dague de son étui délicatement. Un métal d’argent luit alors sous la lumière de la chandelle vacillante.

Mais qu’est-ce que?...

Mais bien sûr! Partir en compagnie d’un loup-garou sans protection aurait été du suicide. Alors pourquoi ne pas apporté une arme capable de l’a tué! Pour l’instant, Kara l’a garda sur elle, bien caché sous ses vêtements. Après avoir jeté un dernier coup d’œil, elle laissa les bagues et le pendentif sur l’elfe, ne trouvant pas la nécessité de les lui enlever. Mais quelque chose attira son attention et elle ne put s’empêcher de faire un examen plus approfondis. Keledan avait un magnifique tatouage sur son biceps…Mais ce qui tint plus son attention fut son omoplate marqué au fer rouge et ses cicatrices qui semblaient danser un peu partout sur son corps. Bien sûr, Kara n’alla pas plus bas que la ceinture et se contenta de recouvrir plus l’elfe, elle alla même jusqu’à mettre la couverture jusque sous son menton pour être sûr qu’il soit maintenu au chaud. Kara ne savait pas ce que cela faisait. Ses blessures se guérissaient toujours d’elle-même. Excepter lorsqu’il s’agissait d’argent. Là, ça laissait des marques! Mais elle ne put s’empêcher de se poser les questions alternants cette découverte. Qui était-il réellement?

Kara laissa donc presque la totalité des objets de l’elfe sur la mini table de chevet. Elle garda avec soin les deux bourses d’or et la dague d’argent pris plus tôt, qu’elle utiliserait bien comme monnaie d’échange. Elle essaierait d’abord avec les pirates, pour récupéré son sac contenant toutes ses possessions et ses armes. S’ils se faisaient encore attaqués, elle ne pourrait pas se défendre avec seulement une ou deux dague. Puis, si ça ne marchait pas avec les pirates, elle utiliserait la persuasion avec Keledan, en échange de son or et de peut-être la dague. Mais c’était une question encore à revoir.
Sentant que l’elfe n’allait pas se relever de sitôt, elle sortit de la chambre presque en hâte et essaya de retrouver Bill. Elle savait que même si elle avait reçut beaucoup d’énergie, elle devait rester et se reposer, mais elle devait régler cette situation avec le lendemain. Aider de son flair, elle le trouva assez aisément. Mais lorsqu’elle arriva sur le pont, elle s’arrêta net de stupéfaction.

-Ah ses pirates!, se dit-elle pour elle-même.

Les pirates buvaient, riaient et mangeait les reste de ce qui semblait être le serpent de mer. Même après avoir été attaqué, les pirates ne se laissaient pas abattre et continuait de festoyer! Ne manquant plus que quelques femmes lubriques et un feu de joie et le tableau serait complet. Elle trouva son pirate dans un coin, buvant et bavardant avec d’autres membres de l’équipage. Dès qu’elle s’en approcha, des regards furtifs et intrigués se dirigèrent vers elle. Kara ne s’en préoccupa pas et lorsqu’elle arriva à côté du géant, elle lui dit :

-Dit donc! C’est la fête ce soir!

-Bien sûr que c’est la fête!, il lui désigna une bouteille que Kara refusa. Il valait mieux pour elle qu’elle ne touche pas à l’alcool ce soir! Mais tu voudrais plus tôt dire la fin de la nuit.

Kara regarda vers le ciel, qui était illuminé d’étoiles. Elle sentit la fraîche dans ses cheveux et le bateau frappé une vague. Ce mouvement lui fit perdre pieds et elle s’accrocha à la manche de Bill.

-Dit, mon cher et tendre. Tu ne voudrais pas me rendre un tout petit service?

Bill l’a regarda. Kara avait bien utilisé quelque peu sa persuasion, mais elle restait encore un peu bouleversée par les évènements et son visage avait encore gardé des traces de la peur qu’elle avait ressentie plus tôt.

-Quand tu as ce regard, je ne peux rien te refuser, répondit-il avec plus aucune trace de sarcasme.

-Tu aimerais bien m’aider à récupéré mes affaires? Tu sais comment j’affectionne mes armes et mes trucs comme tu les appelle. Et si nous nous faisons encore attaquer, je préférerais être bien armé.

-Tu sais comme moi que tu n’as pas besoin d’arme pour être capable de te défendre. Que ce soit à mains nues ou avec un simple bâton!

-Je t’en pris. S’il le faut, je pourrais te soudoyer.

Cette dernière remarque le fit rire à gorge d’éployer, puis ses yeux brillèrent lorsqu’il vit la bourse que Kara avait à la main.

-Comment..?
-Je te donne 5pièces d’or. Un effort bien récompensé!
-À ce prix, tu pourrais voir seulement la porte où ils sont.
-8 dans ce cas!

Bill sembla réfléchir, mais les pirates qui les entouraient semblèrent médusés par la vue de l’or et l’un d’eux se risqua :

-Pour 8 pièces d’or, vous aurez droit à un tour complet du navire avec ça!
-Charmante proposition! Je vous remercie de votre si généreuse proposition, répondit-elle en regardant Bill dans les yeux, demi sourire aux lèvres. Au moins il existe encore quelque gentlemen en ce bas monde.

Le pirate se leva et lui proposa son bras qu’elle accepta. Pourquoi ne pas jouer le jeu. Ce pirate ne semblait pas sincère, mais il empestait l’alcool, alors autant en profiter. Le pirate l’emmena dans la cal, où ils pénétrèrent dans le fond de la coque où les armes étaient entreposées. Il brandit une clef, assez fier de son coup d’avoir réussit à prendre la clef et le déverrouilla.

-C’est pour vous. Maintenant, je...veux ma.. part.
-Voilà, dit-elle en lui donnant 5 pièces d’or.

Le pirate les compta puis les recompta, mais ne se douta pas du tout qu’il s’était fait avoir. Il prit le chemin vers le pont et disparut. Kara regarda et fouilla dans le coffre. Il y avait des boulets de canon, des fusils, puis elle trouva ce qu’elle cherchait, son sac! Elle retrouva aussi aisément ses dagues qu’elle s’amusa à dissimuler, puis son épée. Elle caressa le fourreau. Cette épée lui était précieuse et en aucun cas elle voulait l’a perdre. Son maître lui en avait fait cadeau avant son départ et chaque détail avait été fait à la main. Elle se retourna et monta sur le pont. Elle sentit la douce brise jouer dans ses cheveux et la bonne joie de tout l’équipage lui redonna courage et gaieté. Après les évènements de la journée, elle ne pouvait pas encore rester enfermer dans sa cabine à se morfondre. Elle en avait assez. Elle passa tout de même jeté un coup d’œil dans la cabine où l’elfe dormait encore. Elle remit les bourses avec les autres effets de Keledan et se garda de garder la dague. Ou devait-elle justement la laisser sur la table de chevet. Ce qui donnerait un signe à Keledan qu’elle lui faisait confiance à présent. Kara réfléchis. D’un coup qu’elle se transformait et que Phoenix le tue!

Tu crois pas si bien dire!

Je croyais que tu étais de son côté?!, répliqua perplexe Kara.

Mon humeur change et je ne l’apprécie toujours pas. Je parlais pour toi tout à l’heure. C’est tout ce qui t’es passé par la tête ce que je t’ais dit. Moi, tu ne voudrais pas voir ce qui me passe par la tête…

Refusant à se créer l’image, Kara se dit qu’après tout, il était un des seul de son côté. Avec malgré tout un regret, elle reprit la dague et l’a mit avec les autres possessions de l'elfe. Elle rejoignit ensuite l’équipage et festoya avec eux. Ils émanaient d’eux une certaine méfiance, mais Kara ne s’en inquiéta pas, puisqu’il ne l’a connaissait pas encore. Cela viendrait bien avec le temps. Elle ne but pas une seule goûte de rhum, mais partagea le repas assez repoussant des matelots, sachant qu’elle n’aurait pas cette deuxième occasion de manger un bon repas et se demanda même comment ils avaient réussit à faire cuire la viande. Plus tard, ils allèrent dormir, mais Kara resta sur le pont, à regarder dans le vide, se tenant aussi loin que possible du bord, ne réussissant pas à trouver le sommeil.

Le soleil commençait déjà à poindre son nez et ils pourraient maintenant repartir sans gêne maintenant que la poutre avait été réparée. Les pirates se levèrent peu à peu, sous l’influence de la voie du second, et bientôt ils furent prêts à appareiller.
Ne trouvant rien d’autres à faire, Kara se mit à jouer de la flûte. Des airs doux, triste et joyeux à la fois. Le son de sa flûte l’envahi et l’engourdie de toute part. Sa flûte lui permettait de contrôler les émotions trop fortes qu’elle ne pouvait pas contrôler. À calmer sa fureur, sa colère, sa douleur ou sa peine. Même en état de bersek elle ne pourrait résister au charme magique de la flûte. Dans cet état, le son produit pouvait même aller jusqu'à la paralyser. Un bon tranquilisant en sommes.
Pour les simples mortels, le son que la flûte reproduisait était un son tout à fait normal, mais pour les différentes créatures à l’oreille fines, ils pouvaient ressentir la parcelle d’énergie émanant d’elle. Tandis que les vrais effets de la flûte fonctionnaient sur les êtres comme Kara.

Elle ne s’arrêta qu’un moment pour manger une pomme qu’un pirate lui avait présenté et pour aller voir si Keledan s’était réveillé. Constatant le contraire, elle laissa une autre pomme à côté de ses effets à lui et retourna à son poste, accoté sur la poutre, reprenant son jeu.
Les pirates s’activaient déjà à leurs tâche, sifflotant sur le son de la flûte pour certains, le bruit ne semblant pas les déranger du tout. Ils continuèrent de voguer, comme si de rien n’était, mais Kara se doutait que certains craignait une nouvelle attaque comme la veille. Seule les prochains évènements qui les attendaient pourrait le confirmer, mais pour l’instant, elle se contenta de continuer à jouer de la musique, un peu plus entraînante que la fois d’avant, pour remonter le moral de l’équipage, attendant de voir si l'elfe allait se remettre de son don d'énergie et qu'il allait bientôt se réveiller.

Keledan rêvait.

En songe, il était redevenu un enfant, en compagnie de ses deux parents. Dans cette magnifique journée, sa mère le berçait en lui racontant un conte sur les elfes Elebar, ses ancêtres, et comment leur héritage s'était peu à peu évaporé lorsque les humains étaient apparus. Keledan adorait cette histoire, malgré la tristesse instinctive qu'il ressentait en l'écoutant. L'histoire de Zelviss, prince de sang de la maison Galaéa, alors qu'il se voyait forcé d'entrer en guerre contre l'empire humain Magda Kamara pour sauver sa bien-aimée...l'histoire se terminait avec une cuisante défaite des Elebar et la mort du prince, alors qu'il tenait dans ses bras le corps sans vie de sa promise. Depuis, le peuple elfique vivait éparpillé aux quatre vents et se voyait souvent obligé de se mêler aux communautés humaines pour survivre. L'ancien savoir s'évaporait.

Quelque chose n'allait pas, songea le jeune elfe. Une impression de déjà vu l'habitait alors qu'il fixait le visage souriant de sa mère. Avait-il déjà vécu un événement semblable? Dans une autre vie?

C'est alors que la porte de la demeure familiale s'ouvrit à la volée et la mère de Keledan poussa un hurlement de surprise. Elle se calma un peu en reconnaissant son mari, mais à l'air affolé qu'il affichait, ils surent tout deux que quelque chose n'allait pas.
-Keeline, prend Keledan et vas-t'en! s'écria-t-il. Des bandits attaquent le village!
-Quoi?!?
-COURS!!

Ce mot venait à peine de franchir ses lèvres qu'une pointe de flèches jaillit de sa gorge dans un jet de sang. L'elfe gargouilla quelques mots incompréhensibles avant de s'écrouler au sol, secoué de quelques spasmes. La mère de Keledan éclata en sanglots effrayés et se précipita pour refermer la porte et mit le verrou juste avant qu'un coup sourd ne résonne contre le battant. L'enfant, épouvanté, ne voulu plus revoir le regard vide de son père et s'élança dans les escaliers de la maison et se précipita vers sa chambre en pleurant, ignorant complètement les appelles de sa mère.

Lorsqu'il se précipita sous son lit, il entendit un grand fracas de bois brisé et un hurlement de terreur poussé par sa mère. Par la suite, durant presque une éternité, il tenta désespérément de ne pas écouter les pleurs et supplications de sa mère mêlés aux rires sadiques de tortionnaires anonymes. Il voulait que ça cesse, il voulait que ça cesse....


Keledan ouvrit les yeux et soupira. Cela faisait des années qu'il n'avait plus refait ce cauchemars. Des décennies, même. Le voleur croyait en avoir fini avec ses vieux démons du passé. Visiblement, il restait encore en lui ce petit garçon effrayé qui avait vu son père mourir et entendu sa mère se faire violer à répétition. Ce jour où son enfance était morte en même temps que sa famille.

Il lui fallut un moment pour comprendre où il se trouvait, puis il se rappela le navire, les pirates, le serpent de mer...et son utilisation de la technique des Elebar pour sauver Kara. L'elfe se rappela aussi que cette technique l'avait vidé de ses forces, et le voilà qu'il se réveillait, nu comme un ver et confortablement installé dans le lit de son ancienne cabine. Il trouva d'abord amusant que Kara l'ait finalement vu dans son plus simple appareil -du moins, il espérait que c'était elle qui l'avait déshabillé, et pas un pirate-, puis il se rappela brutalement qu'elle avait probablement dû jouer dans ses affaires. L'or le dérangeait moins, puisqu'il était facile de s'en procuré, mais s'était sa dague spéciale qu'il redoutait; il était impossible qu'un loup-garou ne comprenne pas le but précis de cette arme fabriquée en argent et spécialement conçu pour tuer les lycantropes.

Son regard tomba sur la table de chevet et il y trouva toutes ses affaires, la dague d'argent trônant au sommet de la pile. Kara devait l'avoir mit là. Cela signifierait-il qu'elle lui faisait confiance, maintenant qu'il l'avait sauvé sans abuser outre mesure de son intimité? Ce serait un peu trop facile...Kara n'était pas de ces femmes qui fondent à la moindre attention ou phrase douce; non, elle était une véritable prédatrice, aussi dangereuse que le loup avec lequel elle avait quelques afinitées. Mais il y avait déjà une amélioration, si elle lui avait laissé cette arme.

Qui jouait de la flûte dehors?

Il s'agissait d'une musique qui ne correspondait pas vraiment aux critères d'appréciation des pirates. Trop finement jouée.

Keledan se rhabilla en vitesse et sortie de la cabine, constatant que le soleil était déjà haut dans le ciel. Il était resté endormi pour au moins la moitié de la journée. Puis, il trouva sans trop mal la personne qui jouait une si agréable musique: Kara. Il la laissa faire un moment, se contentant d'écouter, puis la jeune femme remarqua sa présence et cessa pour le regarder fixement.
-Vous êtes une femme pleine de surprises, dit Keledan avec un sourire.
(...Kara...)
-Il ne faut pas toujours se fier aux apparences, ajouta-t-il. Ni même à la première impression.
L'elfe fixa un moment l'immensité de l'océan en réfléchissant sur la pertinence de ce qu'il allait faire. Le savoir, s'était le pouvoir; mais tenir Kara dans l'ignorance pourrait aussi s'avéré dangereux pour une possible alliance entre les deux. Après tout, il leur faudrait bien quitter l'île...
-Je crois que vous méritez sans doute quelques explications de plus concernant le lieu où nous rendons. Car selon mes calculs, nous devrions y être après-demain, dans la matiné. Alors posez-moi vos questions.

NOTE: Envois les questions par MP, et j'offrirai des réponses que tu pourras mettre dans ta réponse.

Kara jouait quand elle remarqua une odeur flottée dans l’air. Elle s’arrêta de jouer et leva les yeux et fixa Keledan. Dès son premier contact avec l’elfe, Kara avait déjà mémorisé son odeur. Alors où qu’il soit, elle pourrait le repéré aisément. Il vint s’assoir près d’elle et commença à lui parler.

-Vous êtes une femme pleine de surprises, dit Keledan avec un sourire.

-Je vous retourne le compliment, répondit-elle simplement, sans aucun sourire.

-Il ne faut pas toujours se fier aux apparences. Ni même à la première impression.
Kara se demandait bien à quoi rimait ce début de conversation étrange. Devait-elle le remercier de l’avoir sauvée? Une suggestion faite par l’elfe cessa aussitôt de lui faire penser à sa question.

-Je crois que vous méritez sans doute quelques explications de plus concernant le lieu où nous rendons. Car selon mes calculs, nous devrions y être après-demain, dans la matinée. Alors posez-moi vos questions.
Fronçant les sourcils, Kara se posa des questions. Se pouvait-il que le fait d’avoir laissé la dague en sa possession lui ait ouvert des portes? Elle avait beaucoup de question, mais elle posa d’abord celle qui s’imposait le plus. Elle eut d’abord un petit rire sec, qui se voulait ironique, puis dit :

-Pourquoi ne pas commencer à me parler de l’endroit où ne serons dans 2jours?

-Évidemment, je m'y attendais à cette question, même si je ne sais pas grand chose de pertinent. Et bien le royaume du roi Lycaon était essentiellement concentré sur une grande île, Denera, je crois. La cité-capitale se nommait judicieusement Lycan, mais je crois qu'il s'agit du seul véritable point de civilisation. Le reste de l'île serait recouvert de végétations, des forêts qui fournissaient un bois à exporter par bateau. Mais pour le reste, je ne sais pas grand chose. Je doute qu'il reste une présence humaine, mais il y a des possibilités pour que quelques loups-garous rôdent encore dans les environs. C'est pourquoi la plupart des gens ne s'en approche pas.
-Mmm, la perspective de rencontrer des loups-garous ne m’effraie aucunement. Aussi, le serpent de mer n’était rien comparé à ce qui pourrait nous attendre vous savez. J’ai beau ne pas connaître grand-chose sur ce trésor, j’ai quand même entendue et lue des histoires. Dites-moi, vous vous êtes bien renseignez, mais pas assez. Vous avez lue les grandes lignes sans prendre en considération ce qui était écrit en tout petit. Alors dites-moi. Qu’elle est ma réelle utilité dans cette affaire?

Kara savait qu’elle lui avait déjà posé la question. Mais quelque chose lui disait qu’il ne lui avait pas tout dit. Peut-être se trompait-elle aussi?

-Je vois qu'il ne sert à rien de vous resservir des demi-vérités. Même si je doute que vous ayez trouvez les mêmes informations que moi dans un livre d'histoire. Les archives sur Denera sont très difficiles à trouver; les pertinentes, encore plus. Pour en venir à votre question, j'ignore avec exactitude quel rôle vous aurez à jouer. Tout ce que j'ai pu comprendre, c'est que seul un héritier du sang du roi lui-même pourra accéder au trésor. Et puisque vous êtes sa dernière descendante vivante...
-Je pourrais ouvrir la porte pour accéder au trésor et blablabla. Vous me lavez déjà dit ça.

Elle laissa échapper un soupir et contempla l’océan quelque instant. Un frisson la parcourut et elle se frotta les bras. Kara retourna ensuite son attention à l’elfe et lui posa, d’une voie étonnement douce et calme :

-Que recherchez-vous dans cette…quête?
Keledan lui servit un sourire en coin avant de répondre.

-À votre avis? Je suis un voleur. Essentiellement, c'est la fortune qui m'intéresse. Bien que la partie exploration et découverte soit aussi intéressante.
-Mmm. Un travail comme un autre hors.

À court d’idée, Kara laissa quelque seconde de suspens, avant de se rappeler un détail.

-Comme vous l’avez deviné, je doute aussi que j’ai trouvé les mêmes informations que vous. Mais dîtes-moi, vous savez que le serpent de mer n’était pas la seule créature que nous allions rencontrés en mer n’est-ce pas?
-Les profondeurs de l'océan sont un tout autre monde, ma chère. Qui sait ce que des terrestres comme nous peuvent y comprendre?

Kara ferma les yeux et rit d’un rire amer en s’accotant sur la poutre du bateau. Elle sentit le regard de l’elfe sur elle, tentant surement de comprendre sa réaction. Elle rouvrit les paupières et s’approcha du visage de l’elfe, de sorte à n’être qu’à quelque centimètre de lui.

-Rien n’est incompréhensible. Pas même vous ou moi!

Sur cette note, elle se leva et se dirigea vers sa cabine, laissant l’elfe derrière elle. Elle passa devant Bill, elle lui glissa :

-Tu me dois un nouveau corset!
-Ah! Ah!
Elle continua son chemin et referma la porte en prenant bien soin de la verrouiller, puis regarda l’état de ses vêtements. Il était sec et quelque peu fripés, mais cela serait mieux que de porter des vêtements qui ne lui allaient pas. Elle se remit dans ses habits et replaça ses affaires à leurs places sur elle et dans sa sacoche.

Phoenix?
Oui mon chou?
Je vais avoir besoin de toi…

****

Le soir était venu, la lune brillait d'un éclat lumineux et étrange dans le ciel nocturne. Ils avaient passé deux autres journées en mer et prévoyait arriver le lendemain matin. Pendant ces deux journées, Kara avait commencé à apprendre un peu plus sur la vie des pirates. Elle était maintenant assez proche d’eux pour savoir qu’elle attitude adopté avec certains, pour éviter tout conflits et anticiper leurs réactions. Elle avait même appris quelque truc à savoir sur un bateau. Elle avait continué à parler avec Keledan quelque fois, mais aucun des deux ne révélèrent leur ancienne vie. Kara savait seulement de Keledan qu’il était un voleur et un enjôleur de femmes. Elle se demandait aussi s’il travaillait pour qui que ce soit, mais l’elfe avait su astucieusement éviter la question, tout comme certaines d’autres. Kara n’avait pas révélée grand information sur elle non plus. Prenant bien soin de rester le plus vague possible et disant des semi-vérités. Peut-être un jour apprendrait-il vraiment à se connaître en tant qu’alliés…ou même en tant qu’amis?
Ils venaient de passé une agréable soirée arrosée de rhume et il ne restait que quelque un d’entre eux sur le pont, dont Kara, qui avait évité de boire pour finir saoul. Car elle savait qu’ils s’approchaient de la prochaine étape du voyage et elle devait garder toute sa tête.
Elle était assise dans un coin et parlait avec Bill, Keledan et deux autres pirates quant elle entendit un son mélodieux. Sous les yeux stupéfiés de tous, Kara se leva d’un bond et se dirigea vers le bruit. Dos aux autres, elle arracha brutalement la guitare d’un des marins et la lança avec force sur le sol, ce qui détruisit l’instrument. Le pirate se leva, à moitié furieux et ivre et lui cria :

-HEY!! MA GUITARE! TU N’AS PAS À Y TOUCHER SALE CATIN!

Kara allait se détourner, mais lorsqu’elle entendit l’injure, elle arriva à hauteur du pirate avec une telle rapidité qu’elle fut à seulement quelque centimètre de son visage sans qu’il ne s’en rende compte et lui mit une dague sous le menton. Surpris le pirate allait crier, mais elle lui couvrit la bouche de son autre main et lui chuchota d’un regard rougeoyant.

-Je garderais ma langue à sa place s’y j’étais toi..

-Kara?, l’interpella Bill.

Le son de sa voie la réveilla de sa transe et elle relâcha le pirate. Elle jeta ensuite un regard vers la mer pour tendre l’oreille. Son regard revint ensuite au pirate et elle lui dit simplement avec un sourire malicieux sur ses lèvres :

-Elles adorent le son de la musique!

Le pirate devint tout d’un coup blême et se dirigea en courant se réfugier dans la cale. Kara allait retourner près des autres quant elle entendit des clapotis d’eau. Un chant cristallin parvint alors jusqu’à ses oreilles. Une force irrésistible l’attira près du bord du bateau où elle jeta un œil dans l’océan. Ses yeux virent des têtes à forme humain sortir de l’eau. Le son que Kara entendait venait d’elles. Elles chantaient tout en faisant des mouvements comme une danse. D’abord elle ne reconnut pas la langue chantée par ses étranges créatures, puis elle se mit à comprendre le sens réel des paroles et remarqua avec effroi qu’elle n’était pas la seule à s’être rapproché du bord.

Le bonheur est à votre porte,
Il ne vous reste plus qu’à venir nous rejoindre.
Plongée dans les abîmes sans nous craindre.
Ne résistez pas à cette chanson
Dédié à cette mer qui est votre maison.
Oh pirate digne de se nom!
N’ayez crainte et venez goûter au plaisir de votre passion.

Kara fut d’abord stupéfaite. Elle regarda les 4 hommes qui était plongés dans l’admiration des eaux et qui ne semblait rien comprendre des paroles envoutantes chantées par les sirènes. En fait, Kara était bien la seule à les comprendre.

Nous connaissons ces mots, car elles chantent dans la langue ancienne des lycaoniens. Tu l’as connais seulement parce que moi je l’a connais. Alors prudence, car tu n’es peut-être pas tout à fait atteinte du maléfice, mais il réussit à t’attirer malgré tout.

Un bruit sourd l’a fit reprendre contact avec la réalité. Un des hommes manquaient à l’appelle et s’était jeté dans l’eau. Il avait à peine effleuré l’eau que déjà plusieurs formes fondaient sur lui pour le tirer dans les profondeurs de l’océan. Une panique alors s’ensuivit. Les sirènes formèrent de plus grands cercle et s’agitèrent, en demandant plus. Kara vit Bill commencer à franchir le bord de sa jambe et elle le repoussa sur le sol. Il se releva, les yeux perdus dans le vague, envouté. Kara le frappa, mais costaud comme il l’était, il réussit à prendre le coup et frappa à sa tour. Sous le choc de l’impact, Kara tomba sur le dos, pour se relever tout de suite après. Elle attrapa habilement le bras du pirate et le tourna dans son dos. Il lâcha un juron et essaya de se débattre. Mais Kara utilisa un de ses trucs et toucha un de ses points sensibles et il tomba dans les pommes.

SPLOUSH!

Elle laissa tomber le corps rigide de Bill et vit un l’autre pirate de jeter par-dessus bord. Il n’en restait plus qu’un. Kara tira Keledan par le collet et réussit à le mettre à terre, mais soudain le charme se rebâtît sur elle et elle se dirigea vers le bord. Elle ferma les yeux et secoua la tête.

-NON! Vous ne m’aurez pas!, leurs cria t’elle, les yeux injectés de fureur et de sang.

Tout à coup, les chants des sirènes s’interrompirent. Kara avait laissé place à Phoenix, car elle seule pouvait parler aux sirènes et qui sait, peut-être les sauvés d’une mort certaine. Phoenix observa le bassin de ses yeux scrupuleux et vit l’une des sirènes se projeter vers le ciel. La sirène s’allongea souplement sur le bord du navire et regarda Phoenix de ses yeux d’un bleu miroitant dont les pupilles étaient de forme ovale et les paupières se fermaient de gauche à droite à la place de haut en bas. La créature couchée devant elle avait l’apparence d’une femme à la beauté quasi-divine et très envoûtante. Seuls ses longs cheveux blonds couvraient sa poitrine qu’elle ne semblait pas se préoccuper ou non qu’elle soit parfois découverte. À partir de sa fine taille, des écailles commençaient à s’emmêler et finissaient sur une interminable et magnifique queue de poisson couverte d’algue par endroit.

-Je sens de merveilleuses odeurs sur ce navire. Ne viens-tu pas d’ici?, lui demanda la sirène, d’une voie au ton étrangement mélodieux et doucereux.

Phoenix lui répondit dans la même langue, reculant quelque peu pour mettre une bonne distance entre elle et la sirène, pour ne pas qu’elle l’attrape.

-Je suis une descente d’un de ses montres d’autrefois. Ces bêtes assoiffées de sang.

-Hum! J’aime t’entendre dire ses mots. Je respecte ses créatures dont la cruauté et la rage sont leurs instincts.

-Cette rage et cette cruauté me manque. J’aimerais la retrouver.

-Alors laisse-toi guider. Je te laisserais passer.

Un sourire satisfait ce dessina sur les lèvres de Phoenix, mais un bruit derrière elle l’a fit se retourner. Elle vit Keledan, encore sonné et l’air de se demander ce qui se passait. Phoenix retourna son attention sur la sirène qui avait suivit son regard et qui souriait d’un sourire aux dents finement pointues.

-Il y a ici d’autres recherchant cette haine…

La sirène l’a coupa d’un signe gracieux de la main.

-Tous ceux se retrouvant en ta présence seront considérés comme tiens. Retrouve ce que tu cherches, mais laisse-moi ce plaisir tant attendue et part avec ce que tu pourras.

À ses mots, la sirène se jeta à l’eau et disparue dans les abîmes. Phoenix ne perdit pas de temps et s’approcha d’un des canots de sauvetage et commença à le descendre à l’eau. Habituellement, il fallait bien 2 à 3 hommes pour réussir à le soulever, mais pas lorsqu’on était un loup-garou. Après avoir jeter le bateau à l’eau, les yeux de Kara redevinrent noirs et elle s’approcha de Bill et le tira en le soulevant par-dessous ses aisselles. Arrivée au bord, elle allait appeler Keledan pour qu’il lui vienne en aide, mais le cri strident d’une sirène couvrit ses paroles et elle dut se couvrir les oreilles. Les autres pirates se réveillèrent et commencèrent à monter sur le pont et c'est là que les sirènes commencèrent à attaquer réellement...

Keledan n’était pas sûr de ce qui venait de se passer. D’abord, il avait vu Kara péter un câble et massacrer la guitare d’un des pirates sans raison apparente. Cette sauvagerie, cette agressivité…aurait-il été témoin de la personnalité sauvage de la femme loup-garou?

Par la suite, il s’était sentit apaisé comme jamais auparavant. On lui proposait la paix, la sérénité, deux choses qui lui avaient été jusqu’ici refusées…toujours à l’aventure, où à fuir les dernières victimes de ses larcins…dormir avec une dague dans sa main…toujours devoir survivre, plus longtemps, encore et encore. Cette vie pouvait prendre fin, les voix le lui promettaient. Retrouver ses parents? Oui, il aimerait bien, mais c’était…ah bon, rien n’est impossible?

Tout ce qu’il avait besoin de faire, c’était quitter cette carcasse de bois puante pour aller rejoindre les voix. C’était tellement simple qu’il en serait presque soupçonneux, s’il parvenait à rassembler ses idées. Mais inutile.

Il enjamba le bastingage, avide des promesses de paix et de joie que les voix lui proposaient. Outre celles de plaisirs au-delà de son imag…

Quelqu’un lui saisit le col de sa chemise et le ramena sans ménagement, et avec une force prodigieuse, par en arrière, où il alla percuter un sol douloureusement dur. Sonné, il tenta de comprendre ce qui se passait. Les voix ne chantaient plus, remplacées par un bourdonnement agaçant qui lui donnait le tournis. En levant la tête, il aperçut de dos la silhouette d’une femme, qui discutait dans une langue inconnue avec ce qui lui sembla être une autre femme, mais nue celle-là. Puis, son regard tomba sur la longue queue de poisson qui terminait ce corps à partir de la taille, et il se demanda où il avait déjà entendu parler d’une telle créature…

Il ne fut pas sûr de la suite des événements, mais il reprit enfin ses esprits lorsqu’une voix familière cria son nom.
KELEDAN!

L’elfe bondit presque littéralement sur ses pieds et dégaina instinctivement son épée et une dague, faisant tournoyer les lames de façon à être prêt à attaquer le moindre agresseur. Puis, il entendit les cris d’horreurs provenant des côtés du navire, et en se précipitant sur le bord de la coque, il aperçut tout l’équipage en lutte avec des créatures qu’il croyait véritablement être des légendes. Des sirènes!

Voilà qui expliquait beaucoup de choses, songea-t-il. Puis, il tourna la tête, se rappelant qu’on l’ait appelé, et aperçu Kara peinant à soulever la lourde carcasse de Bill inconscient.

(…Kara…) note : de préférence, une remarque cinglante.

Ce n’était sans doute pas le moment d’échanger des palabres. Il fallait quitter le navire au plus vite, avant que les sirènes ne réalisent qu’il n’y avait pas que les pirates sur ce bateau…

Keledan souleva donc à son tour une partie du corps inerte de Bill et à eux deux, ils parvinrent à le hisser dans le canot que Kara, par miracle, était parvenue à détacher. Le voleur n’avait pas besoin qu’on lui fasse un dessin pour comprendre l’urgence de la situtation, et c’est pourquoi ils furent rapidement à l’eau, ramant le plus loin possible du Dame Kali. Au loin, Keledan aperçut les contours d’une île, et il eut d’abord du mal à y croire.

Mais pourtant. Une vaste motte de terre, recouverte d’une forêt prolifique sur la majeure partie, avec au sommet d’un promontoire dont les falaises allaient se jeter dans la mer, les ruines d’une cité qui devait avoir été grandiose dans le passé, les bâtiments arborant de cette distance une blancheur qui fit s’interroger l’elfe. Était-ce vraiment du marbre, ou une illusion d’optique?

Puis, face à la cité, un réseau de murailles baignant dans la mer offrait toujours, malgré son état de délabrement avancé, une efficace barrière contre la fureur de l’océan…ou contre d’éventuels intrus. Finalement, un phare encore miraculeusement debout semblait défier le temps de le mettre à terre.

Tout était comme il se l’était imaginé. Denera, et la cité de Lycan…le fief du roi-fauve Lycaon.

Ils l’avaient trouvé.

***

Leur fragile embarcation, par un réel miracle, parvint à traverser les dangereux écueils de l’espace naval de l’île, où plusieurs navires échoués gisaient depuis un temps impossible à déterminer, leur coque éventré et leurs voilures en lambeaux pitoyable. Ils arrivèrent sur la plage qui parut à l’elfe comme étant l’endroit le plus accueillant du monde, et Keledan bondit sur le sable blanc où il se laissa tomber à genoux, légèrement tremblant. La tension qu’il avait ressenti tout le long de la traversé, toujours guettant une contre-attaque des sirènes, s’apaisait maintenant qu’ils étaient de retour sur leur territoire, le plancher des vaches.

Il aurait tout le temps de s’inquiéter ensuite des dangers de cette île qui avait vu naître les premiers lycanthropes…

Bill s’était réveillé durant le voyage, et sa force et son expérience avaient été d’une grande aide pour manœuvrer le canot de sauvetage jusqu’à l’île. Sous son insistance, le trio entendit quelques heures dans l’espoir de voir arriver d’autres membres de l’équipage survivants. Keledan en doutait, personnellement. Il avait vu de ses propres yeux la férocité de ces monstres féminins, et malgré tout le respect qu’il devait à la combativité des pirates…il ne pouvait pas vaincre dans un combat aquatique des êtres nés dans cet environnement.

Mais ils avaient d’autres préoccupations à présent. Après tout, ne se trouvaient-ils pas enfin sur Denera? Après toutes ces années passées à rassembler des informations, à préparer cette expédition, à tenter de retrouver un détenteur du sang de Lycaon –bon, ce dernier élément lui était presque littéralement tombé dans les bras, mais bon-, il s’y trouvait enfin. Et Keledan réalisa qu’il ne savait plus que faire.

Estomaqué, l’elfe comprit, un peu tard, qu’il avait négligé de peaufiner les recherches sur le lieu exact où chercher. Denera n’était pas une si grande île, mais elle restait trop vaste pour que trois individus échoués sur son rivage ne puissent la parcourir. Et il ne fallait pas oublier les évidents dangers…

Les sirènes étaient un obstacle imprévu. Nerveusement, Keledan manipula du bout des doigts le manche de sa dague en argent en songeant aux possibles rencontres avec d’autres loups-garous. Puis, son regard se posa sur Kara, qui dévisageait l’horizon aux côté de Bill, et il soupira.

Il était difficile de le remarquer avec le ciel nuageux. Mais, si ses calculs étaient bons –et ils l’étaient probablement-, ils auraient droit à une belle pleine lune d’ici quelques jours. En plein cœur du royaume des lycanthropes.

***

Il avait bien fallut convaincre Bill qu’ils ne pouvaient plus se permettre d’attendre. S’il y avait des survivants, aucun doute qu’ils s’efforceraient de rejoindre les ruines de la grande cité, puisque s’aventurer dans la forêt relèverait du suicide pur et simple. Le pirate, sous la pression des arguments, céda finalement.

Keledan ignorait vraiment pourquoi il avait décidé de rejoindre les vestiges de Lycan. Peut-être parce que des restes de terres civilisées seraient plus familières? Cela ne s’appliquait peut-être pas à Kara, mais pour Bill et lui, la nature «trop» sauvage n’était pas leur élément.

Ils longeaient la côte depuis quelques heures lorsqu’un bruit leur parvint des bois, une série de craquements de brindilles qui fit presque instantanément jaillir ses armes dans les mains de Keledan. Pas question qu’il se fasse trucider par quelque monstre affamé si près du but…

Toutefois, ce n’était pas un monstre qui surgit maladroitement des bois, mais une demi-elfe sale et échevelée qui semblait être encore ahurie de se trouver là! La nouvelle venue avait la courte taille et la minceur de son côté sylvain, mais la légère rondeur de son visage et ses oreilles plus courtes qui traversaient sa chevelure brune trahissaient effectivement une lignée humaine. Ce qui surprit, toutefois, ce fut la longueur inquiétante de ses ongles et…les marques brunâtres qui séchaient sur la commissure de ses lèvres, comme du…sang.

Par ailleurs, elle empestait la charogne, et Keledan retroussa instinctivement les narines devant cette odeur. Sa poigne se raffermit sur la garde de son poignard argenté, car s’il ne se trompait pas…cette femme était sans doute un loup-garou.

Super…de mieux en mieux.

Son regard se tourna alors vers Kara pour guetter sa réaction.

-KELEDAN!!!, cria Kara.

Pendant qu’elle peinait à soulever le corps inerte de Bill, elle vit l’elfe bondir sur ses pieds et dégainer ses armes, se préparant à combattre. Elle leva les yeux au ciel et lui recria :

-HEY L’AFFREUX! PAR ICI!
Keledan s’approcha enfin et il aida Kara à mettre le corps inerte de Bill dans le canot. Ils ne perdirent pas de temps ensuite et ramèrent le plus vite qu’ils purent. Kara s’obligeant à garder son calme et à ne pas perdre la tête.

Ce n’est pas le moment de perdre la tête.
T’ais-toi!

Kara regarda par où il naviguait en évitant précieusement de regarder la mer. C’est alors qu’elle vit une île se dessiner au loin. Une petite île faite de sable, entourée d’une forêt et surplombé d’une cité abandonnée par le temps. Des murailles l’entouraient comme pour protéger l’île et se jetait dans l’océan. Kara repéra malgré tout un espace où ils purent accoster sans danger. Bill s’étant réveillé durant le voyage, il prit les rames que Kara lui céda volontiers et arrivèrent bien plus vite sur la terre ferme. Dès que le bout du canot toucha le sable, Kara y sauta à pieds joint, courant le plus loin possible de la baie, sans trop s’éloigner. Elle relâcha enfin son air et respira à fond, se libérant de la tension que lui avait causée le trajet. Être si près de l’eau ne l’avait pas réjouit. Elle regarda dans la direction des deux hommes et vit un Bill inquiet et un Keledan légèrement tremblant. Aurait-il eu peur de se faire attraper par les sirènes? Mais Kara ne s’en souciait pas, car elle savait que la sirène tiendrait parole et qu’elles ne les auraient pas attaqués.

Après quelques minutes, le temps de reprendre leurs souffles, Bill insista pour rester, attendant de voir si d’autres pirates allaient venir. Mais au son que Kara put entendre, elle doutait fort qu’il y ait d’autres survivants. Hors, ils décidèrent de commencer à marcher. Kara se sentait bien. Chaque fois qu’elle pausait les yeux sur la forêt, une folle envie l’a prenait d’aller courir. Comme si la forêt l’appelait.

Reste concentré!

Kara retrouva son calme et s’arrête brusquement lorsqu’elle sentit la présence d’un autre être. Puis, un craquement se fit entendre et tous les deux hommes s’arrêtèrent, le regard rivé sur la forêt. Une jeune femme sortis d’entres les arbres en les regardant bizarrement. Elle avait l’air toute sale et dépareillée. Vêtu d’une simple robe noir déchiré aux genoux, avec un décolleter en forme de V. Dès son arrivée, Kara savait déjà à qui elle avait affaire. C’était un loup-garou. Comme elle! De toute sa vie, elle n’avait rencontré qu’un seul autre loup-garou. La femme se pencha légèrement, se balançant de gauche à droite, un air de défi dans le visage, comme si elle protégeait son territoire. Kara sentit alors le regard persistant de Keledan sur elle, comme pour guetté sa réaction. Hors, Kara semblait intrigué et curieuse, tandis que la femme ne semblait pas l’avoir encore remarqué et semblait plus prête à attaquer les deux hommes se retrouvant devant elle. Puis, tout d’un coup, elle sembla changer d’attitude. Elle se redressa, les mains sur les hanches et demanda d’un ton ferme dans une langue inconnu aux deux hommes :

-Qui êtes-vous?

C’est à mon tour maintenant!, exigea Phoenix, dans l'esprit de Kara.

Puis, les yeux de Kara devinrent rouges comme la braise et elle demanda à la femme, dans la même langue qu’elle.

-Je vous retourne la question, répondit une voie quelque peu différente de celle de Kara.

La femme releva le nez, comme si elle venait de se rendre compte de l’odeur que portait Phoenix. Ses yeux s’agrandir comme des soucoupes. Phoenix croisa les bras sur sa poitrine et continua d’observer la jeune femme avec impatience. Aucune émotion ne transparaissait sur son visage. Seul son fameux sourire en coin était visible.

-Je reconnais cette odeur. Cela faisait des années que je ne l’avais sentie., elle laissa s’écouler quelque minute avant d’ajouter. Vous n’avez pas répondu à ma question!
-Je suis Phoenix, dernière de la lignée du roi Lycaon. Et vous n’avez pas répondu à la mienne.
-Je suis Sélène.

Quelque seconde s’écoulèrent où les deux femmes s’affrontèrent du regard. Puis, Sélène tourna le regard vers les deux autres. Lorsqu’il tomba sur Bill, Phoenix crut décerner une petite étincelle dans son regard. Et elle le reconnut. En fait, Sélène le regardait avec convoitise. Elle semblait se retenir de lui sauter dessus. Puis, un autre bruit derrière elle se fit entendre et un homme sortis d’où la femme venait. Il riait gaiement jusqu’à ce qu’il remarque la présence des intrus. Il était grand, presque de la même taille que Bill et était bien bâtis. Les cheveux noirs en bataille jusqu’à ses épaules, des yeux d’orées meurtrier, il ne portait qu’un pantalon déchiré aux genoux et tout comme la fille, il avait du sang. Tout son torse en était recouvert.

-Oh mais que vois-je? Des visiteurs? Sur mon île. Soyez-la bienvenue gente dame.

Il se pencha et baisa la main de Phoenix, tout en maintenant son regard rivé dans le sien. Phoenix eut un rire sec, enleva sa main et repoussa l’homme.
Phoenix échangea ensuite quelque parole avec le nouveau venu, nommé Érik. Elle se présenta et elle joua avec lui, en le provoquant toujours soit du regard ou par les paroles. Lui, s’amusait de la situation tout en essayant de découvrir d’où elle venait et pourquoi elle était ici, mais Phoenix n’en disait rien. Pendant ce temps, Sélène s’approcha de Bill et lorsqu’elle fut qu’à deux pas de lui, Bill sortit son épée de son fourreau, causant le rire de la jeune femme.

-Ne t’approche pas de moi.
-Tu parle une drôle de langue. Comme les autres qui sont venues ici.

Bill sembla déconcerté. Il ne comprenait vraiment pas ce qu’elle lui avait dit. Érik cessa alors de tourner autour de Phoenix et sembla remarquer pour la première fois Keledan et Bill.

-Je lâcherais cette épée si j’étais toi, dit-il à Bill, le regard sérieux et très menaçant.

-Nous ne venons pas faire la guerre. N’est-ce pas Bill?

Ce dernier regarda Phoenix et plissa les yeux lorsqu’il vit, à l’aide la lumière de la lune, que ses yeux étaient rouges. Il sembla alors comprendre et rangea son épée. Sélène se glissa alors derrière lui et l’assomma.

Pauvre Bill!

Phoenix s’approcha d’elle et un seul regard suffit à la faire fuir. Elle alla se mettre au côté d’Érik.

-J’apprend à cette nouveau née comment chassé. Les humains qui réussissent à franchir nos côtes sont capturés et ont les utilisent soit comme esclaves et comme nourriture.
-Eh bien. Retouche à ce qui ne t’appartiens pas et ont verra qui est la viande!, raga Phoenix.

Érik sourrit, mais Sélène le prit très mal et elle foudroya Phoenix du regard. Soudain, à la vitesse de l’éclair, elle courut dans la direction de Keledan, mais Phoenix anticipa son mouvement et l’a bloqua. Elle repoussa d’un coup de pied la femme dans le sable. Qui grogna sous l’influence de la colère. Phoenix resta de marbre, positionné devant Keledan comme un bouclier. Elle épousseta ses mains, se les frottant ensemble et cracha au visage de la femme :

-Refait qu’un seul mouvement et je te jure que tu ne reverras pas la prochaine pleine lune.
-AHAHAHHA!

Le rire d’Érik fondu dans l’air. Il tendit sa main à sa protéger et regarda Phoenix, d’un regard d’amusement.

-Si tu veux l’a gardé, libre à toi, qui par ton sang est plus haut placé que moi, il redevint tout d’un coup sérieux, mais sache qu’ici, c’est moi la loi. Alors si tu es venu pour récupérée ta place, alors princesse, tu peux retournée dans ton bateau et retourner d’où tu viens.

-Mm. Rien de moi l’idée de t’enlever ta place. Fais ce que tu veux avec ton île. Tout…Phoenix prit un air de pitié.Tout ce que je voulais c’était rentrer chez moi. Découvrir d’où je venais et revivre entre les miens.Érik sembla se calmer et son sourire réapparut sur son visage.
-Alors sois la bienenue chez toi, princesse!

Il lui fit un signe de la main de le suivre et retourna dans la forêt, suivit de près par Sélène, qui se retourna, le regard emplis de haine vers Phoenix. Celle-ci sourit et se retourna vers Keledan et lui dit dans sa langue.

-Nous sommes les bienvenues. Pour l’instant. Alors si tu veux bien me suivre. Reste près de moi si tu ne veux pas crever et ne pause pas de question, j’y répondrais plus tard.

Elle prit le corps inerte de Bill et le mit sur son épaule, comme si de rien n’était. Elle sentit la présence de Keledan dans son dos et elle suivit les traces laissée par Érik et Sélène. Un silence régnait dans l’étrange et calme forêt. Mais Phoenix sentait qu’ils étaient épiés de toute part et suivit du regard.

Notre plan se déroule bien..
Pour l’instant! J’espère que tu garderas le contrôle de la situation. Il faudra surveiller de près cette Sélène.
Fais-moi confiance et tout ira selon le plan.

Ils continuèrent à marcher, jusqu’à ce qu’ils atteignent enfin ce qui semblait être les ruines de l’ancien château. À leurs arrivés, quatre hommes assis dans les marches se levèrent en regardant de travers le nouveau venus. Ils ouvrirent la porte à leurs maître et laissa passer Phoenix, qui n’eut aucun regard pour eux. La salle était grande et laissait passé la lumière nocturne par ses trous dans le plafond et les murs. Érik renvoya de la main Sélène, qui partit vers un couloir et fit signe à Phoenix de le suivre. Phoenix le suivit, et ils montèrent des marches jusqu’à une chambre avec porte. Elle était dépareillée et sale, comptait un lit et un tapis au sol. Seul une fenêtre sans porte donnait accès à l’extérieur. N’importe qui pouvait s’enfuir, à moins de sauter dans le vide et de causer sa mort, à moins d’être un loup-garou. Phoenix laissa tomber sur le tapis le corps inerte de Bill et se tourna vers Érik.

-Dormez. Nous parlerons demain.

Phoenix lui fit un bref signe de tête et il referma la porte, un sourire aux lèvres.

Phoenix se retourna vers Keledan (réaction?), et sourit. Elle ferma les yeux et laissa Kara reprendre sa place. La jeune femme se tint d’une main contre le mur et de l’autre sa tête.

-Cela m’a épuisée. , dit-elle pour elle-même.

Kara se dirigea à petit pas vers le petit lit, où il y avait à peine de place pour deux, et s’y assit. Elle dirigea son regard vers Keledan et lui demanda :

-Je présume que tu as des questions sur ce qui vient de se passer? En gros, nous avons réussis à capter l’attention du chef de meute, Érik. Sélène n’est qu’un petit louveteau. Alors elle ne nous indisposera pas. Pour l’instant du moins, car les plus jeunes sont plus impulsifs et donc, imprévisibles parfois. Mais je présume que ce n’est pas la seule chose que tu te demandes n'est-ce pas?
(Quand elle parle au ''nous'', elle veut dire elle et Phoenix)

Pour une fois qu’il se voyait donner l’occasion de poser des questions, il n’allait pas se gêner! Keledan réfléchit un court instant sur la première question qu’il voulait demander, puis se décida sur quelque chose de simple.
-Je ne connais pas cette langue que vous avez utilisée, avec les autres loups-garous. De quoi s'agit-il?

Kara ne perdit pas de temps et répondit qu’il s’agissait de l’ancienne langue des lycaoniens, de celle parlée par les citoyens de l’ancien royaume. Et lui qui avait toujours cru qu’il s’agissait d’une langue morte! Les rares documents écrits dans ce langage qui subsistait à ce jour étaient des antiquités qui valaient une fortune. Lui-même avait dérobé deux ou trois d’entre eux avant de les refiler au marché noir…bien sûr, c’était bien avant de découvrir la fortune vers laquelle ils pouvaient le conduire.

Keledan songea que la population de Denera avait dû rester isolée du reste du monde depuis tout ce temps, ce qui expliquait qu’elle ait conservée son dialecte originel…mais il était clair qu’il y avait eu une faction de lycanthropes qui étaient parvenus à fuir leur prison et à se répandre sur le continent…avant d’être eux-mêmes traqués et massacrés par les nations civilisées. Une espèce en voie de disparition…

Le regard de l’elfe retomba sur la jeune femme, qui s’était un peu éloignée pour examiner la cité par la fenêtre. Un détail lui revint alors en tête, et il choisit soigneusement ses mots avant de demander ce qu’il le titillait depuis quelques temps.
-Hum…Kara?

La jeune femme tourna la tête vers lui et haussa un sourcil pour lui faire signe de dire ce qu’il voulait dire.
-J'ai remarqué au court du voyage, sans vouloir vous offenser, que vous sembliez posséder deux identités fort différentes l'une de l'autre. Les deux sont Kara, ou Kara n'est que l'une d'entre elles? Et à qui est-ce que je parle présentement? Je commence à avoir mal à la tête…

Loin d’avoir l’air furieuse, comme il le craignait, la jeune femme afficha plutôt un sourire espiègle qui illumina son visage d’une façon qu’elle n’avait pas fait souvent depuis le début de ce voyage.
-Phoenix? dit-elle. Disons que c’est mon alter ego. Elle est mon côté sombre. C'est elle qui peut parler dans l'ancienne langue et j'ignore pourquoi je ne peux pas. Je n'ai pas rencontré beaucoup d'autres loups-garous dans ma vie, mais je sais que je suis un des très rares cas à être séparé en deux. Je présume que pour les autres, la seule part d'humanité qu'ils leurs restaient à finit par être surpassé par la bête qui sommeillait en eux.

Elle laissa s'écouler quelque seconde avant de poursuivre.
-Et au fait, Phoenix est tout à fait le contraire de moi, donc méfiez-vous. Vous n'avez qu'à regarder mes yeux si vous voulez savoir à qui vous parlez. J'ai les yeux noirs et ceux de Phoenix sont rouges.

C’était bon à savoir, et aussi vaguement inquiétant. La part animale de Kara semblait avoir été, jusqu’ici, en parfait équilibre avec la part humaine. Le complément de la lumière et des ténèbres, si l’on tombait dans le ridiculement épique. Ce qui était inquiétant, toutefois, c’était le possible impact sur cette «Phoenix» de se retrouver entourée des siens, sur la terre de ses ancêtres.
-Avec tous ces loups-garous, nous ne risquons pas de finir en ragoût? demanda-t-il en exposant ses craintes.
-NON! s’exclama Kara. La seule chose qui soit sûr c’est qu’on peut dormir tranquille. Pour l’instant, en tout cas.

Voilà qui était très rassurant.

***

Le soir venu, Keledan ouvrit les yeux après un autre rêve désagréable sur son enfance. Bon sang, était-ce vraiment le moment de laisser un passé mort revenir le hanter? La suite des opérations risquait de devenir assez difficile comme ça…

Il s’était couché sans retirer ses vêtements, afin de pouvoir agir vite, et lorsqu’il se redressa dans son lit, il tendit l’oreille. Seules les respirations paisibles de Bill et Kara lui parvenaient dans l’obscurité. La seule source de lumière qui arrivait jusqu’à lui provenait de l’astre lunaire, terriblement proche de son cycle parfait. Et le voilà qu’il se trouvait au milieu d’une meute de lycanthropes.

Avec précaution, il se déplaça à travers la pièce vers son objectif, usant de toutes ses habiletés de voleurs pour être aussi indiscernable qu’une ombre. Le sol de pierre taillées lui épargnait les grincements qu’un plancher de bois aurait pu causer, mais avec un loup-garou, les dieux seuls savaient ce qui pouvait le trahir. Le bruit de son cœur qui battait à tout rompre? L’odeur de sa transpiration, tandis qu’il songeait nerveusement à son funeste destin s’il se faisait prendre?

Il fallait s’assurer qu’elle ne se réveille pas avant le temps.

Le feu qu’ils avaient allumé la veille, dans cet immense foyer au centre de la pièce principale, crépitait encore doucement. Keledan huma un moment, puis jugea que l’odeur du feu était suffisante.

Heureusement que Kara n’avait pas découvert ce sachet, se dit-il en extirpant le minuscule objet qu’il dissimulait dans son médaillon. Elle aurait eu des soupçons…

Le portrait peint avec minutie qui se trouvait au fond était la dernière trace de stupide affection avec son passé qu’il s’était autorisé. Même ses mentors, à l’époque de la guilde, ignoraient qu’il l’avait conservé. Et ils ne sauraient jamais…personne ne le saurait. Pour le moment, ce n’était pas ce qu’il l’intéressait.

Le sachet, soigneusement plié et conçu pour rester étanche en tout temps, libéra quelques feuilles séchées qui exhalèrent en atteignant l’air une odeur douçâtre qui était franchement désagréable à l’elfe, qui retroussa le nez. Puis, il jeta la totalité des feuilles dans le feu et attendit quelques secondes.

Il n’y avait pas beaucoup de substances naturelles qui puissent réellement affecter un loup-garou, même sous sa forme humaine. Mais celle-ci, Keledan en était sûr, aurait les effets voulus. La belladone était normalement, en cas d’ingestion, possiblement mortelle. Mais le végétal se révélait un très puissant somnifère pour les loups-garous, lorsque inhalés de façon concentré. Le voleur tourna la tête en direction de la jeune Kara et constata qu’elle dormait à poings fermés. Peut-être même plus profondément que tout à l’heure…sinon, eh bien il finirait probablement étripé par les délicates mains de la lycanthrope. Keledan se doutait depuis des années que ce qui causerait sa perte, se serait probablement une beauté enragé plutôt qu’un pigeon furieux de s’être fait dépouillé.

L’elfe se releva et avança vers Kara à pas feutrés. Rapidement, il identifia ce qu’il cherchait et soupira, mi frustré mi approbateur, en constatant que Kara retenait son sac de voyage entre ses bras. Une prudence respectable, car en théorie, il était impossible de déloger un objet placé de cette façon sans réveiller son propriétaire. Sauf si le voleur avait endormit le propriétaire en question.

Une main habituée à faire les poches des badauds dans une foule se glissa avec dextérité dans l’une des poches du sac, ses yeux ne quittant pas le visage légèrement renfrogné de Kara. Keledan sursauta lorsque la loup-garou agita spasmodiquement une jambe, un peu comme un louveteau, et il sourit de cette comparaison. Mais où était cette saloperie…

Ses doigts se refermèrent sur le tube allongé de la flûte qu’il recherchait. À présent, il lui fallait la sortir du sac sans se faire surprendre…l’elfe retint son souffle et parvint, millimètre par millimètre, à extirper la flûte du sac. Il soupira silencieusement de soulagement et jeta un coup d’œil à l’instrument de musique. Un bel objet, sans grande valeur commercial, mais taillé avec soin et élégance. Keledan était certain que la flûte avait une valeur particulière aux yeux de Kara. Et c’était pour cela qu’il…
-Qu’est-ce que tu fous là?

L’elfe sursauta devant cette exclamation et se retourna brusquement, tombant nez à nez avec Bill. Bon sang, il était si concentré sur Kara qu’il avait oublié le pirate!
-Qu’as-tu fais à Kara, misérable?

En disant cela, Bill se saisit du col de l’elfe et le souleva sans difficulté. Keledan était en mauvaise posture, et s’il ne voulait pas que son plan tombe à l’eau, il lui faudrait maîtriser le jeune colosse.
-C’est un malentendu, Bill, lança le voleur en laissant doucement sa main se glisser vers une sacoche de sa ceinture.
-Ah ouais? Je suis curieux d’entendre cela…
-Vois-tu, continua Keledan, c’est un rêve. Tu n’es pas réveillé.
-Qu’est-ce que tu me chante-là, oreille-pointue?

Keledan frappa à la vitesse de l’éclair et enfonça le petit dard dans la cuisse de Bill, permettant au venin de pénétrer directement dans le sang. Sous le coup de la surprise, le pirate lâcha sa proie et retira la fléchette. Puis, lorsqu’il identifia finalement l’objet, il fixa l’elfe devant lui et cracha une injure avant de s’écrouler comme une masse. Le pauvre allait se réveiller avec une amnésie partielle et probablement avec l’impression d’avoir l’une des pires gueules de bois de sa vie, mais il vivrait.

Malgré son manque de scrupules, Keledan n’était pas un meurtrier de sang-froid.

Il jeta un dernier regard à Kara, toujours endormie, puis se dirigea vers la fenêtre. Maintenant, il lui faudrait attendre. Et espérer que la meute de Lycan ne lui tombe pas dessus en premier…

Avec une dernière inspiration pour se donner du courage, le voleur elfe se glissa à travers la fenêtre et s'élança dans la nuit. Dans une ville remplit de prédateurs, à la veille d'une pleine lune.

Aussitôt avait-elle mis sa tête sur son oreiller, que déjà le sommeil la gagna. Se laisser dominer par Phoenix l’avait vidé de toute énergie. Elle prit tout de même des précautions et garda prêt d’elle son sac contenant la plus part de ses effets. Lorsqu’elle s’éveilla, Kara se sentait encore lourde de sommeil. Elle s’étira et baya et se rappela soudain où elle était. Elle n’avait pas une minute à perdre. Elle se leva péniblement et s’enfargea dans quelque chose de dure. Bill! Elle lui donna un coup de pied pressant et ralla avant de s’approcher du petit feu qui brûlait encore doucement. Kara se frotta les yeux, puis allait prendre une pomme quand on frappa à la porte. D’un coup, ses yeux retrouvèrent leurs éclats rougeâtres et elle se dirigea à grand pas sur la porte. Le petit visage de Sélène apparut dans l’encadrement, l’air frustré et toujours habillé des mêmes vêtements que la veille.

-Érik vous pris de bien vouloir venir le rencontrer. Seule.

À ses mots, la jeune fille partit à grand pas, ne se souciant pas si Phoenix allait la suivre ou non.
Celle-ci sortit et suivit les traces laissés par Sélène sans hâte et atterrit dans l’halle d’entrée. Une grande table y avait été installée et plusieurs personnes y siégeaient, mangeant abondement et bavardant avec gaité. L’air était pourtant lourd et Phoenix sentit que c’était parce qu’ils étaient tous des loups-garous. Deux hommes debout de chaque côté de la table, l’air pouilleux, attendaient et remplissaient les verres des loups affamés en tremblant quelque peu. Des humains en conclut-elle. Un petit sourire en coin, Phoenix s’approcha de la table, puis sentant enfin sa présence, les hommes arrêtèrent leurs mouvements, le temps de détailler la nouvelle venue, puis se remit à leurs assiettes. Ils avaient l’airs tous aussi sales que Sélène. Seul Érik, qui était assis au bout de la table, semblait être un des rares à encore avoir un tant soit peu d’esprit. Phoenix remarqua aussi qu’il ni avait pas beaucoup de femmes. Elles étaient mélangés avec le reste de la meute, n’empêche qu’elle pouvait dénombrer au moins une vingtaine d’hommes et 8 femmes. Sans compter aussi les dizaines d’enfants, qui mangeaient aussi pires que les adultes. Il devait être tous de la même famille. Tous avaient un regard bestial remplis d’animosité. Ceux d’Érik avaient perdu leurs teintes d’orée pour être remplacé par de beaux grands yeux bleus, qui ressortaient de son ensemble cuir noir. Phoenix ne put s’empêcher de réprimer un sourire. La cité mit en miette semblait bien contrasté avec l’ensemble des loups-garous. Excepté le chef, qui se leva en la voyant approcher, qui sortait du lot.

-Soyez la bienvenue très chère! J’espère que votre voyage ne vous aura pas trop déplu.

Il lui fit un bref signe de tête et Phoenix le suivit vers les portes qui menaient à l’extérieur. Ils marchèrent pour s’éloigner le plus possible du bâtiment, sûrement pour s’éloigner aussi des oreilles indiscrètes. Un sourire charmeur se dessina sur ses lèvres et il s’appuya contre un arbre. Il tourna légèrement la tête de côté et la dévisagea. Phoenix quant à elle, ne se départit pas de son sourire en coin, qui se voulait enjôleur. Érik pris une gorgé dans sa coupe, puis demanda :

-Alors…Tu veux vraiment faire partie de cette meute.
-On se tue-toi maintenant?
-Avant d'en faire partie, il y a plusieurs règles à savoir et qu’il faut respecter, répondit-il, ignorant sa remarque. Une d’entre elle est de ne pas faire confiance aux étrangers. Surtout s’ils sont de la même espèce.

Sa dernière remarqua lui avait été jeté avec un soudain sérieux. Mais à voir comment il l’a dévisageait, Phoenix se doutait bien qu’elle l’attirait. Il lui faudrait seulement continuer à jouer le jeu. Elle s’approcha de lui, l’air aussi décontracté. Il l’a dominait de toute sa hauteur, mais il ne fallait pas se fier aux apparences, car malgré sa petite taille, Phoenix restait aussi dangereuse que lui.

-Et que dois-je faire pour gagner le respect. Et ta confiance.

Elle avait délibérément mis plus d’accent sur sa dernière phrase, sachant fort bien que l’égo des hommes pour montrer leurs supériorités, surtout chez les loups, était démesuré. Érik n’eut aucune réaction. Il vida sa coupe et l’a jeta plus loin. Le regard rivé à celui de Phoenix, il l’a contourna et l’a plaque contre l’arbre.

-Ce soir à la pleine lune, aura lieu la cérémonie d’initiation des louveteaux. Pour toi, ce sera ton rite de passage dans la meute. Prouve que tu es des nôtres et ton vœu sera réalisé.

Il allait l’embrasser, mais Phoenix tourna la tête et réussit aisément à se dégager de son étreinte. Il ne l’empêcha pas de se défaire et tourna la tête de côté pour voir Phoenix s’en aller d’une démarche lente et calculé.

-Alors je vous dit, à se soir alors.

Phoenix quitta les lieux, n’ayant qu’un dernier regard dans la direction d’Érik pour voir un éclair doré traverser ses prunelles. En plein ce qu’elle voulait. Elle retourna ensuite vers sa chambre, toujours sans se presser et trouva une boîte au pas de la porte. Elle l’ouvrit et un grand sourire illumina son visage. Jouée les aguichantes n’était pas si mal que ça, surtout quand l’homme en question était aussi séduisant. Elle emmena la boîte avec elle et quand elle ouvrit la porte, elle ne trouva personne. Haussant les épaules, elle jeta la boîte sur son lit et allait prendre une bouchée quand elle arrêta net son geste. Elle huma l’air et y découvrit la désagréable odeur de Sélène, ainsi que de deux autres, mais inconnus. Automatiquement, elle regarda dans son sac pour voir si on lui avait prit quelque chose. En effet, une chose manquait, et ce n’était pas pour ravir Phoenix. Ses poings se serrèrent et elle se dirigea vers la porte en la claquant si forte qu’elle l’arracha presque. Il y avait de la bagarre dans l’air et ce n’était certainement pas Phoenix qui allait se plaindre d’avoir enfin une occasion de se défouler. Même si cela risquait de contrecarrer ses plans, la colère de Phoenix était telle qu’elle en perdait tous ses moyens.

Phoenix! ARRETE! , l’intima Kara dans son esprit. TU risques de tout gâcher.
Je ne peux pas. Je déteste, je répugne cette insupportable petite garce. Il faut bien que quelqu’un lui apprenne les bonnes manières.
Tu sais aussi bien que moi que je suis encore plus en colère que toi qu’elle nous ait pris notre flûte, mais si tu ne veux pas…

AHHH!!! Le cri de rage de Phoenix interrompit la pensée de Kara. Elle fonça dans sa chambre et frappa et cogna tout ce qui s’y trouvait. Son état empirait. L’air de la nature, l’odeur des siens, cette impression de liberté. Kara sentait bien que Phoenix en était attiré. Elle savait également que si elle continuait ainsi, elle pourrait disparaître et être dominé par Phoenix. Elle devait empêcher Phoenix de trop s’y attacher, de ne pas se laisser envoûter. Mais réussirait-elle à briser un charme qu’elle-même avait peine à résister? Comment pouvait-on aller à l’encontre de sa véritable nature. Peut-être avait-elle trouvé enfin sa place ici après tout?

Non! N’oublie pas la raison de ta venue ici. N’oublie pas…

Frustrée, elle frappa dans le mur en face d’elle, en y mettant tout ses forces. Le bout du mur partit en éclat de roche pour laisser derrière lui qu’un étrange silence pesant. La main en sang, n’y faisant pas attention, Phoenix alla s’assoir près de ce qui restait du feu, puis perdit son regard dans le vide. Celui-ci changea peu à peu pour redevenir aussi noir que les ténèbres. Pourquoi lui aurait-elle volée sa flûte? Ses coupures à la main se refermèrent presque aussitôt, mais elle réfléchit. Phoenix pensait que c’était Sélène, car son odeur flottait dans la pièce, mais l’elfe était absent à son réveil, tout comme sa flûte. Et où était Bill? Tout semblait indiquer que les 3 louves l'avaient emportés, mais dans quel but. Kara redouta alors le pire et tout désir de manger la quitta.

Sans se presser, elle se prépara. Elle rangea tout ses vêtements dans son sac, garda quelque précaution et garda des dagues sur elle et les autres dans son sac. Elle enfila le vêtement qui avait été mis dans la boîte, puis laissa son sac sur le lit, qu’elle remit en place. Quelque minutes plus tard, le soleil tomba de plus en plus, tout comme les yeux de la jeune femme, qui prirent la couleur du sang. Phoenix se dirigea vers le hall à pas lent, ne se doutant pas de ce qui l'attendait...